Modérateur: Marcello Vitali-Rosati (Université de Montréal)

La multiplication des sources et l’intégration de contenus non-savants dans les pratiques de recherche ont autorisé une plus grande fluidité dans la circulation des idées et, potentiellement, une plus grande créativité. Cet élargissement des sources a par exemple offre de nouvelles occasions pour l’élaboration d’hypothèses de recherche. Cependant, il convient de se demander si ces ressources non-savantes permettent de maintenir le niveau qualitatif requis par la communauté scientifique et si de nouvelles stratégies de validation ont été adoptées par les chercheurs pour certifier ces sources. Dans la masse des contenus publiés sur le web, comment s’établit aujourd’hui l’autorité en ligne ?

Louise Merzeau (Université Paris X), « Autorité pervasive. Vers des logiques de certification environnementales »

À l’ère du web dit « social », la plupart des outils de partage et de publication sont d’abord des outils de recommandation. Fonctionnant chacune selon des protocoles spécifiques, qui déterminent des logiques de structuration, de propagation et de validation, les plateformes tissent ensemble un environnement-support dans lequel s’organisent désormais les connaissances. Dans un tel contexte, la construction des autorités s’affranchit des modalités de hiérarchisation verticales et cloisonnées, sans pour autant les abolir totalement. Alternant, superposant ou croisant des circuits d’évaluation et de légitimation académiques, médiatiques et conversationnels, le tressage du savant et du non-savant complique les chaînes de la certification, en générant des effets de boucle, d’amplification ou de compensation. C’est sur ces interférences, leurs mécanismes et leur portée que portera l’intervention.

Vincent Larivière (Université de Montréal), « Pratiques alternatives de l’évaluation par les pairs »

Depuis une cinquantaine d’années, l’évaluation par les pairs constitue le mode principal d’évaluation des chercheurs et des connaissances qu’ils produisent. Toutefois, depuis la massification de l’utilisation du numérique dans la diffusion des connaissances et, plus spécifiquement, de l’utilisation des réseaux sociaux, de plus en plus de résultats de recherche sont diffusés à la communauté scientifique avant d’être passés par ce filtre classique de l’évaluation par les pairs, et ce, principalement via des serveurs de prépublications tel arXiv. Cette présentation discutera de la prévalence de telles pratiques dans la communauté scientifique en général et dans les différentes disciplines ainsi que de ses effets sur la créativité et l’originalité des chercheurs et de leurs travaux.

Susan Brown (University of Alberta – University of Guelph), « Le CSÉC et le CWRC-Writer : de la lecture à l’écriture savante en ligne »

Le Collaboratoire scientifique des écrits du Canada (CSÉC, en anglais CWRC, the Canadian Writing Research Collaboratory) met en place un environnement en ligne pour la recherche littéraire canadienne à propos et au sein du Canada. Au centre de l’infrastructure électronique du CSÉC se trouve le CWRC-Writer, un outil en ligne pour éditer et annoter le matériel de recherche. Cette présentation démontrera la capacité du CWRC-Writer à soutenir à la fois des balises XML et des annotations du web sémantique en RDF, en vue de favoriser la collaboration avec d’autres chercheurs et d’encourager la participation des meilleures pratiques en matière de publication en ligne.

Nicolas Sauret (IRI), « Éditorialisation et validation »

L’hybridation des pratiques de recherche a en quelque sorte ramifié les travaux des chercheurs en les inscrivant plus directement dans l’espace médiatique et public. Le nouveau milieu mnémotechnique numérique a ainsi multiplié les points de contact entre chercheurs et avec la société, et ce à toutes les étapes du travail d’un chercheur. Nous tenterons dans cette intervention d’identifier ces nouveaux points de contact (blogs, open science, citizen science, communication scientifique, recherche documentaire, webinaire, open edition) en nous intéressant plus particulièrement aux pratiques d’écriture et de lecture remettant en cause les procédés de certification mis en place de longue date par la communauté scientifique et constitutifs du régime de vérité de la science. Nous regarderons en quoi les dispositifs d’éditorialisation qui régissent ces pratiques peuvent laisser entrevoir de nouveaux modes de validation, propre à consolider une nouvelle épistémê numérique, et à participer à l’avènement des biens communs informationnels.