Modérateur: Jean-Claude Guédon (Université de Montréal)

Le numérique permet de multiplier la visibilité des contenus, notamment grâce à des politiques de diffusion en accès libre. Faute des principales sources de revenu sur lesquelles l’édition scientifique s’est appuyée tout au long du XXe siècle, il devient nécessaire de penser de nouveaux modèles économiques afin d’assurer la viabilité des instances éditoriales. Quel rôle les institutions (universités, bibliothèques, presses universitaires, organismes de financement) doivent-elle jouer désormais ? Comment le numérique reconfigure-t-il les dispositifs institutionnels de l’édition ?

Jérôme Valluy (Université Paris I), « Comment assurer indépendance et développement des éditions en accès libre ? »

L’édition numérique devient centrale dans l’évolution vers le libre accès aux enseignements (MOOC) et aux publications (revues et livres en accès ouvert). Ce phénomène repose la question des libertés intellectuelles : vont-elles automatiquement de paire avec l’accès ouvert aux publications ? Les expériences historiques d’accès ouvert aux publications de propagande démontrent le contraire. Mais l’Internet repose la question : d’un côté les autoéditions numériques en accès libre, de l’autre côté des monopoles et oligopoles éditoriaux, marchands ou étatiques. Le citoyen dispose-t-il, dans ce monde, de la liberté de penser qui nécessite d’identifier les connaissances pertinentes pour cela ? La question devient cruciale face à l’effondrement des ventes de l’édition des sciences humaines sur papier et de la disparition du très grand nombre de petites maisons d’édition. Car ce marché éditorial a permis, depuis plus d’un siècle, d’assurer un relatif pluralisme intellectuel. Comment retrouver ce pluralisme à l’ère de l’édition numérique?

Dominique Bérubé (Érudit-Université de Montréal), « Érudit comme infrastructure pour la diffusion en libre accès et au soutien de la recherche »

Les capacités de commercialisation des collections sont réduites dans un contexte obligé et bénéfique d’accès libre à la production nationale des connaissances. Cette transition impacte toutefois directement les petits éditeurs peu outillés pour faire face à cette évolution rapide vers l’accès libre dans un secteur de plus économiquement fragile et faisant l’objet d’une compétition inégale avec les grands éditeurs internationaux. L’innovation doit guider les nouveaux modèles permettant aux éditeurs des revues d’assurer leur pérennité et aux agrégateurs non commerciaux comme Érudit de poursuivre leur œuvre de diffusion. La présentation prévoit présenter les résultats de l’analyse de la structure des coûts d’un système de publication scientifique dans le secteur des sciences humaines et sociales et en accès libre au Canada.

Diane Sauvé (Université de Montréal – Direction des bibliothèques), « Les bibliothèques de recherche : partenaires dans l’aventure »

Si faciliter l’accès à la connaissance et accroître sa diffusion étaient au cœur de votre mandat, ne trouveriez-vous pas naturel de répondre « présent » dans les projets d’édition numérique? C’est ce que font les bibliothèques de recherche à travers le monde. Membres de l’Association des bibliothèques de recherche du Canada et de l’Association of Research Libraries, les bibliothèques UdeM sont au cœur de réflexions et d’initiatives collaboratives de soutien à la communication savante. Cette présentation permettra donc de faire un survol des projets et offres de service des bibliothèques dans ce domaine, notamment les partenariats qui s’établissent entre presses universitaires, éditeurs, chercheurs et bibliothèques pour soutenir de nouvelles formes de publication et favoriser leur rayonnement. Il sera également question des enjeux non négligeables soulevés par ces productions intellectuelles d’un nouveau genre, notamment de la pérennisation de l’accès à leur contenu.

Pierre Mounier (EHESS – OpenEdition), « Du livre au carnet de recherche, et retour : phénomènes d’hybridation entre édition et web social »

En démultipliant les formes de lecture et d’écriture dans la société non-savante, le numérique a permis l’émergence de pratiques nouvelles où se mêlent communication, collection, archivage, littérature, etc. Dans ce contexte de fluidification des formes d’écriture, les pratiques des chercheurs se sont elles aussi diversifiées, empruntant souvent à des formes de production de contenus inexistantes jusqu’alors dans les méthodologie de la recherche. Cette intervention portera sur la manière dont les blogs/carnets de recherche, après s’être fortement opposés aux formes canoniques et éditées de publication, tissent aujourd’hui des liens à travers plusieurs expérimentations (Press Forward, Comment Press, et d’autres).