Plateformes numériques
Sommaire
Définition générale
Les plateformes numériques convergent en créant un véritable environnement où nous ne faisons pas seulement que communiquer : nous agissons de différentes manières (en présence, à distance, en "temps réel" et en différé) qui nous définissent "ontologiquement". Les dynamiques d'organisation de l'espace et de construction de la société qui constituent ces dispositifs technologiques en même temps qu'elles y prennent appui, font que le web, sous ses différentes déclinaisons et les différentes alternatives qui s'inscriront en (dis)tension avec lui (ou elles) ne peuvent plus être envisagées de manière simpliste comme des outils d'un degré de sophistication inouï, mais doivent rigoureusement (ce qui n'empêcher pas le recours à l'humour comme méthode d'analyse) être considérés comme les matériaux et les forces structurant le milieu où prennent forme nos pratiques communes, le territoire politiquement plié par le poids de sa propre mémoire que nous habitons en tant que nous formons le corps d'un imaginaire collectif qui nous dépasse. À cet égard, il sera approprié de se référer pour commencer à la définition donnée de l'espace numérique et à la section sur la métaontologie. En ce qui a trait aux technologies, il convient de noter qu'elles sont littéralement des discours sur la technique. Le numérique, ce n’est pas simplement un nouveau média, mais c'est le nom que nous donnons, afin de nous entendre sur un langage commun pour parler de notre environnement actuel, du monde que nous façonnons par nos actions, soit une prétexte (offrant plusieurs plans de réflexion) pour de nombreuses éditorialisations. Celles-ci ont valeur de gestes à portée architecturale, même s'il nous est permis de continuer à réfléchir du point de vue du sens aux conséquences que nos projets de création de nouveaux "contenus" peuvent avoir. Cependant, la réalisation de ce que les véhicule que nous mobilisons pour "faire bouger les choses" ne sont pas neutres, nous porte à réfléchir plus intensément et avec davantage d'application(s) à l'importance de l'hybridation des voies qui nous sont offertes pour relier les lieux et les êtres virtuels et physiques. Car c'est l'humanité comme la nature même des relations entre l'être et le devenir qui sont transformés dans le processus de numérisation et de conversion culturelle qui l'accompagne.
Définition détaillée
Sens courant à l'époque actuelle
Dans l'état actuel de développement des pratiques d'éditorialisation sur Internet, principalement via le web, ce qu'on entend habituellement par plateformes numériques renvoie généralement aux interfaces de communication et de transactions connectées à des infrastructures de serveurs de données et parfois à des services d'entreposage et de distribution de produits commerciaux culturels, ou technologiques, neufs ou usagés, consistant en biens matériels ou en services (ou en une combinaison des deux), et qui requièrent un abonnement le plus souvent gratuit, en échange de quoi les utilisateurs consentent par un simple clic à des "conditions d'utilisation" et à des "politiques de confidentialité" qui déterminent le droit que les propriétaires de ces écosystèmes ont d'utiliser les données recueillies concernant l'usage que ces abonnés feront des outils et dispositifs formant les plateformes (espaces d'échanges) en question.
On pense notamment à des plateformes de commerce en ligne dont la plus importante à ce jour demeure Amazon. Les autres joueurs majeurs, parfois plus importants en termes de taille (pour ce qui est du nombre d'utilisateurs si ce n'est du chiffre d'affaires) sont les médias sociaux (Facebook en tête), et les moteurs de recherche (Google de la société Alphabet, caracolant en pole position et semblant indélogeable à moyen terme).
Les CMS (Content Management Systems ou Systèmes de gestion de contenus) qui servent à la mise en place de blogues ou d'autres formules de rediffusion de contenus (comme les photos via Pinterest ou les très courts films avec Vine), et les sites de micro-blogging comme Twitter (qui constitue un autre média social de taille plus modeste et davantage orienté vers les chercheurs de nouvelles comme les journalistes qui s'en servent à la manière d'un fil de presse) sont un troisième type de plateformes numériques, qui sont parfois hébergées sur les serveurs des sites d'individus ou des organisations qui y ont recours (le cas de Wordpress qui est un CMS ouvert, lorsque les sites ne sont pas hébergées à l'adresse wordrpesss.com), mais dans ce cas-ci on conçoit que la couche matérielle (et une partie de la couche logicielle n'appartient pas aux propriétaires du site ni au concepteur de la plateforme (qui prend ici le sens restreint de dispositif de gestion des contenus sur l'interface web).
Dans le cas des "gros joueurs" précédemment évoqués (les médias sociaux de masse, et les moteurs de recherche les plus puissants et populaires), à l'exclusion des plateformes transactionnelles, les revenus importants qu'ils engrangent proviennent principalement des ventes de placement publicitaire d'autres produits (dont la valeur vient de ce qu'elle serait mieux ciblées grâce à l'analyse des mégadonnées provenant de l'ensemble des transactions qui font l'objet d'un suivi sur une base "non-nominale", suivant ce que laissent entendre les "conditions d'utilisation" des compagnies fournissant ce service). Ce qui est commun à toutes ces plateformes gratuites est qu'elles permettent d'effectuer du transfert d'informations dans un environnement où les contenus sont tirés de bases de données et analysés par des algorithmes pour en tirer des corrélations entre tels types de profils d'utilisateurs et des patterns de comportements de consommation.
Si on parle des "gros joueurs", il faudrait sans doute ajouter les autres compagnies qui peuvent offrir des services d'infonuagique (cloud) et cela renvoie à Apple (iCloud) et à Microsoft (OneDrive), ainsi qu'à Alphabet (GoogleDrive). Comme Alphabet s'appelait, avant 2015, Google, et demeure couramment appelée ainsi (le moteur de recherche du même nom étant ce qui a donné lieu à sa popularité dès le début des années 2000), on a parlé des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) pour désigner ces géants aux appétits monopolistiques. Aujourd'hui on parle d'édition GAFAM (pour inclure Microsoft qui effectue un retour en force avec l'ingestion de LinkedIn et Skype, dans l'ordre chronologique inverse), afin de désigner la manière de décider de ce qui sera fait des données qui manque de transparence afin de pouvoir convertir la recherche sur les algorithmes capables de traiter les mégadonnées en profit. Mais c'est une mercantilisation de notre attention qui a de graves incidences politiques et anthropologiques.