Discussion:Plateformes numériques
Première version de l'article par Fabrice, à discuter
Sommaire
Définition générale
Les plateformes numériques convergent en créant un véritable environnement où nous ne faisons pas seulement que communiquer : nous agissons dans le sens le plus plein du mot. La convergence des plateformes fait que le web est de plus un plus notre espace, le lieu que nous habitons. Ce n’est pas un médium, mais un environnement, ou un espace architectural.
Définition détaillée
Sens courant à l'époque actuelle
Dans l'état actuel de développement des pratiques d'éditorialisation sur Internet, principalement via le web, ce qu'on entend habituellement par plateformes numériques renvoie généralement aux interfaces de communication et de transactions connectées à des infrastructures de serveurs de données et parfois à des services d'entreposage et de distribution de produits commerciaux culturels, ou technologiques, neufs ou usagés, consistant en biens matériels ou en services (ou en une combinaison des deux), et qui requièrent un abonnement le plus souvent gratuit, en échange de quoi les utilisateurs consentent par un simple clic à des "conditions d'utilisation" et à des "politiques de confidentialité" qui déterminent le droit que les propriétaires de ces écosystèmes ont d'utiliser les données recueillies concernant l'usage que ces abonnés feront des outils et dispositifs formant les plateformes (espaces d'échanges) en question.
On pense notamment à des plateformes de commerce en ligne dont la plus importante à ce jour demeure Amazon. Les autres joueurs majeurs, parfois plus importants en termes de taille (pour ce qui est du nombre d'utilisateurs si ce n'est du chiffre d'affaires) sont les médias sociaux (Facebook en tête), et les moteurs de recherche (Google de la société Alphabet, caracolant en pole position et semblant indélogeable à moyen terme).
Les CMS (Content Management Systems ou Systèmes de gestion de contenus) qui servent à la mise en place de blogues ou d'autres formules de rediffusion de contenus (comme les photos via Pinterest ou les très courts films avec Vine), et les sites de micro-blogging comme Twitter (qui constitue un autre média social de taille plus modeste et davantage orienté vers les chercheurs de nouvelles comme les journalistes qui s'en servent à la manière d'un fil de presse) sont un troisième type de plateformes numériques, qui sont parfois hébergées sur les serveurs des sites d'individus ou des organisations qui y ont recours (le cas de Wordpress qui est un CMS ouvert, lorsque les sites ne sont pas hébergées à l'adresse wordrpesss.com), mais dans ce cas-ci on conçoit que la couche matérielle (et une partie de la couche logicielle n'appartient pas aux propriétaires du site ni au concepteur de la plateforme (qui prend ici le sens restreint de dispositif de gestion des contenus sur l'interface web).
Dans le cas des "gros joueurs" précédemment évoqués (les médias sociaux de masse, et les moteurs de recherche les plus puissants et populaires), à l'exclusion des plateformes transactionnelles, les revenus importants qu'ils engrangent proviennent principalement des ventes de placement publicitaire d'autres produits (dont la valeur vient de ce qu'elle serait mieux ciblées grâce à l'analyse des mégadonnées provenant de l'ensemble des transactions qui font l'objet d'un suivi sur une base "non-nominale", suivant ce que laissent entendre les "conditions d'utilisation" des compagnies fournissant ce service). Ce qui est commun à toutes ces plateformes gratuites est qu'elles permettent d'effectuer du transfert d'informations dans un environnement où les contenus sont tirés de bases de données et analysés par des algorithmes pour en tirer des corrélations entre tels types de profils d'utilisateurs et des patterns de comportements de consommation. Si on parle des "gros joueurs", il faudrait sans doute ajouter les autres compagnies qui peuvent offrir des services d'infonuagique (cloud) et cela renvoie à Apple (iCloud) et à Microsoft (OneDrive), ainsi qu'à Alphabet (GoogleDrive).
Autres sens, plus spécialisés
Amorce de réflexion sur la définition de la plateformes numériques
Notes liminaires
Notions reliées
Doit servir de base pour la définition de plateforme d’édition et tenir compte de la définition d’Espace numérique
Doit adresser la charge politique qui est associée à l’emploi de ce terme en vertu du GAFA.
Problématiques d’ouverture et de fermeture
C'est la fonction générale de toute plateforme d'ouvrir un espace circonscrit GAFA vont au-delà (ils entrent dans l'analyse de nos comportements en les associant à ceux des autres pour en tirer des inférences) et demeurent en-deça (ils n'ouvrent pas l'espace au point de permettre d'y œuvrer librement : les enclosures sont de retour.
Délimitation de l’espace
Pour circonscrire un espace, il faudrait d'abord l'organiser. Pour cela on doit aménager une dynamique respectant les modes d'action individuels et collectifs. Comment concilier ces manières d'être avec des codes aussi frustes que ceux dont nous disposons. Les GAFA misent sur la personnalisation des contenus affichés. Notre espace collectif devient un ghetto. Lien avec rupture/continuité
Début
Les différents sens du mot plateforme
La notion venant des images concrètes Support comme une surface reposant sur une base solide et pouvant servir de lieu d’hébergement plus ou moins temporaire pour des êtres en mouvance/migration (oiseaux, chasseurs, baigneurs, ouvriers de l’industrie pétrolière, acteurs d’un studio de cinéma, artistes de la performances et techniciens lors d’un spectacle.
Une sorte de sas (espace intersticiel) ou tremplin
On voit donc que la plateforme peut être considérée comme une matrice s’inscrivant dans un système de référence plus large, où elle peut servir de zones de transition entre deux ‟ univers ”.
La relation de cette notion à l’espace, et donc à l’architecture, et l’importance de cette dimension du point de vue de la culture numérique en cours d’élaboration
Variation des échelles et recherche de la perspective correcte
Le fait que de proche en proche on pourrait dire que la plateforme c’est le monde connu, et même le monde connaissable (après tout l’univers des possibles n’est-il pas la base sur laquelle repose l’ensemble de ce que nous pouvons accomplir de notre vivant?), nous amène à nous poser la juste perspective à adopter (ni trop étroite, ni trop large). Le fait que l’enjeu politique soit indéniable étant donné que tout doit passer par la médiation des plateformes (ce n’est pas nouveau et les plateformes précédent le numérique n’en étaient pas moins techniques) et donc de la technologie, nous permet de repérer un point de départ pertinent pour commencer à préciser les contours d’une juste délimitation du champ de notre investigation.
Après, rien ne nous interdira de prendre encore une perspective plus large pour considérer les implications philosophiques, comme nous permet de le saisir le concept de conjoncture médiatrice.
Les types de plateformes numériques connues
Le fait est que les exemples canoniques de plateformes à l’ère du numérique, telle qu’elle s’est développée jusqu’ici, nous est fourni par les espaces de communication en ligne où la majorité des utilisateurs se retrouvent le plus souvent. Quels sont-ils ? Les médias sociaux, bien entendu. En même temps, un site web personnel n’est-il pas lui-même une plateforme ? Là se trouvera une limite négative, pourrions-nous dire. Mais un système de gestion de contenu (CMS) qui sont ouverts et peuvent être utilisés par des particuliers sur le serveur qui héberge leur site répandus, comme Wordpress et Spip contribuent à procurer à ces espaces de diffusion une architecture qui rend possible des interactions et favorise un réseautage qui contribue à justifier que nous parlions de plateforme. Ceci dit, ces CMS ouverts ne sont pas aussi puissants que d’autres espaces de réseautage que sont Facebook et Twitter. Les médias sociaux permettent la création de lien entre des utilisateurs qui peuvent avoir des conversations écrites de manière quasi-synchrone ce qui donne l’impression d’être en présence les uns des autres tout en conservant une relative intimité, lorsque nous chattons, bien que nous savons que les cookies et autres dispositifs de collecte de données (y compris nos FAI et les filets de la NSA) font que rien de ce que nous publions en ligne ne demeure véritablement privé (même si nous avons activé tous les paramètres de confidentialité). En fin de compte, la maîtrise de ce que nous communiquons n’est pas dissociable des phénomènes de popularité des plateformes, puisque c’est en relation avec la fréquentation des différents points d’accès à du contenu que l’activité du suivi sera plus susceptible d’être captée par des groupes d’intérêt politiques ou économiques désireux de capitaliser sur ces informations pour faire avancer les causes qui sont les leurs (et qui le demeurent). C’est pourquoi les moteurs de recherche constituent d’autres plateformes de première importance, car c’est là que les relations entre les activités des individus qui présentent telles caractéristiques et le marketing ciblé découlant de la science de l’analyse des mégadonnées (Bid Data) se constituent et que se joue donc la part de liberté ou de conditionnement qui nous est imparti, et ainsi on voit que les communications sont en fait largement indépendantes de la rencontre réelle entre individus présents à un moment donné dans la même zone du monde.
La part de l’éditorialisation
Cela est rébarbatif, mais c’est parce que ça révèle le rôle que jouent les algorithmes dans l’éditorialisation de nos milieux de vies, qui deviennent les contextes jouant un rôle déterminant dans la configuration de nos existences. Comme le fait que tout se décide dans les coulisses des stratégies commerciales des GAFA de ce monde (car les espaces de vente et d’achat en ligne sont les autres grands lieux d’organisation des structures dont dépendront les relations que nous pourrons tisser ou non avec des individus réels, étant donné qu’Amazon aussi peut analyser suffisamment de données pour jouer avec nos sentiments au point de nous donner l’impression de découvrir librement des produits culturels qui nous intéressent alors que cela se produit par corrélations complexes via des calculs que nul le maîtrise absolument) lesquelles reposent sur une tentative de prévision de la vie dans sa totalité et ses moindres détails, ce qui signifie un pari outrancier dont les risques sont immenses car il y a là comme un désistement de notre responsabilité de laisser le jeu des affinités se former sur d’autres bases que des prédictions statistiques (en effet, on ne peut rencontrer ceux dont on ne sait qu’ils existent), cela nous révulse donc avec raison, et nous pouvons tenter de corriger cette impression de déconnexion de ces calculs savants par rapport à la réalité concrète de nos vies en nous disant que ce qui permet une expérience en ligne ce n’est pas que les publicités relayées par les algorithmes, mais l’interface du navigateur web, et que si je me sers de Google sur Firefox par exemple, mon expérience de navigation a des chances d’être moins aliénante que si j’emploie Bing dans Internet Explorer avec un PC fonctionnant sur Windows 10. Non seulement la fondation Mozilla est fondée sur des valeurs d’ouverture et de collaboration qui visent à faire contrepoids au monopole mais ils me permettent de réduire le dégré de traçage et de paramétrer la relation entre les sites et mon ordinateur de manière à décider quand je veux activer les modules complémentaires ou conserver l’historique et d’éliminer le cache facilement si je préfère avoir une expérience plus neutre du Net (moins orientée par la personnalisation qui biaise les résultats en fonction de ma position géographique et de la langue de mon navigateur, etc). Certes, le fait d’émettre cette objection nous rassure peut-être en nous donnant des arguments pour nous convaincre que nous conservons un certain contrôle de ce que les dispositifs de calcul des comportements qui ont cours sur le web peuvent retenir ou non de nos actions, de sorte que nous maintenons peut-être les risques de conditionnement de nos propres comportements (et de ceux qui nous ressemblent) à un degré plus acceptable. Mais nous n’en sommes pas sûrs.
Du coup, si nous avons finalement pu trouver ce fait évident (que ce n’est pas possible que nous soyons si manipulables par de simples calculs réalisés par des machines forcément grossières malgré les quantités astronomiques de données qui passent à la moulinette d’algorithmes très puissants), cela nous a laissé le goût amer d’une absence de réelle maîtrise sur notre destinée numérique et nous nous rendons bien compte que cela a des impacts qui dépassent les seules moments où nous nous exposons aux réactions de nos proches par les commentaires qu’ils postent suite à la publication d’un billet de notre part. Il y a certes des espaces où nous sommes encore moins influencés par des sollicitations, comme lorsque nous écrivons un courriel à quelqu’un. En même temps, si nous négligeons une seule fois de faire preuve de discrétion dans le partage de notre courriel, il est probable que notre boite de courriel électronique est infestée de courriels indésirables. Et une portion d’entre eux tendent à nous leurrer précisément parce qu’ils surviennent dans un espace que nous avons tendance à croire plus ‟ sûr ”. Et une autre chose que nous a fait réaliser ce processus de réflexion au caractère désincarné des plateformes qui charpentent l’écosytème numérique (qui n’est pas si rhizomatique qu’on pourrait le souhaiter justement en raison de la tendance à la ghettoisation que créent les pressions des groupes d’intérêts pour nous rendre captifs de nos comportements calculables et modifiables : évitant à tout prix que nous développions une réelle culture de la liberté), c’est que plus déterminant que le navigateur, il y a probablement le système d’exploitation que nous utilisons. Ainsi on a longtemps considéré que les systèmes d’exploitation fondés sur Unix étaient mille fois moins susceptibles de faire l’objet d’un hackage ou autre forme de contamination par un virus, tout simplement parce que les pirates se sont surtout attaqués aux failles du système d’exploitation le plus populaire et qui était le plus orienté ver les services aux professionnels, et encore plus conçu pour les marchés d’affaires et les activités commerciales, soit Windows (de la firme Microsoft) et son navigateur Internet Explorer. Et en effet, je peux attester que depuis 6 ans que j’ai mon Mac je n’ai jamais eu à installer de système antivirus et qu’il m’a suffi de faire attention aux pièges des hameconneurs dans les courriels et aux sites que je visitais pour éviter toute complication. Alors que mon PC avec Windows 8 a été hacké (y compris le navigateur Mozilla Firefox) au moins par le logiciel TROVI, et sûrement par d’autres petites bêtes. On sait que l’installation des anti-virus représente en soi un danger qui rend nos systèmes perméables. Alors aussi bien dire que naviguer sur le web équivaut à mettre le doigt dans un engrenage où nous serons broyés et où il faudra rendre l’âme numériquement, si nous ne faisons pas toujours les choix les plus intelligents et si nous sommes un tant soit peu actif, à moins de disposer d’une chance surnaturelle. Bref, qu’on se protège ou pas, on prend toujours un risque en surfant sur le Net.
Note sur Linux
Certes il y a Linux (fondé sur un équivalent ouvert d’Unix) qui permet de se parer contre les attaques et que les pirates ne seront pas de sitôt intéressés à attaquer (alors que la relative bienveillance dont Mac et son OS bénéficiait de la part des pirates touche à sa fin depuis qu’il cible le gratin avec sa montre en or et que tout ce qui est fait par Mac est de plus en plus fermé), Ce que ce que je viens de tenter de mettre en évidence nous fait comprendre est que la question des plateformes c’est avant tout un problème de fonctionnement de l’environnement numérique. Et l’écologie de celui-ci n’est pas forcément saine au départ, en partant du principe que les serveurs qui hébergent ces masses de données ne sont pas protégés contre la surveillance gouvernementale et que leurs propriétaires exploitent tout ce qu’ils peuvent exploiter légalement et au-delà, et que ceci a forcément des effets sinon ils ne s’en donneraient pas la peine. Conclusion subjectiviste radicale provisoire Donc, l’enjeu des plateformes c’est davantage la question de la conscience que nous avons de ce qui se joue que celle de savoir comment délimiter le terrain de jeu. Le nerf de la guerre c’est le déplacement du modèle économique vers une économie du partage et de la contribution et la plateforme qui pourra probablement le mieux nous aider à y accéder est sans doute le P2P, couplé au XML comme moyen de configuration de toutes nos bases de données. Finalement, on en revient aux fondamentaux Mais la première plateforme ce sera le système d’éducation mondial qui nous permettra de maîtriser ces outils. Et il n’est pas dit qu’il devra être imposé de haut en bas pour fonctionner de manière optimale.
Coda jazz fusio
Le prix à payer c’est d’accepter que nous ne sommes que des grains de sables dans l’engrenage dans la mesure où nous aidons l’ensemble du manège à procurer du plaisir à tous ses usagers. Et si nous ne sommes pas broyés c’est que le parcours prévoit de laisser place à de nombreux points de fluxions dont résulteront des enchaînements de cahots. Rapport à la mutation Et on doit aussi accepter que nous passons d’un paradigme de la représentation à un paradigme des opérations. De sorte que l’écran n’est pas la clé pour comprendre le temps présent. Mais il est possible de nous figer dans une reproduction du vieux monde dans la mécanique d’aujourd’hui. À nous de jouer pour que ce ne soit pas le cas.
Pour poursuivre
Questions
Quelles sont les autres sens du mot plateforme outre celui-ci qui est peut-être un peu trop subjectif ?
Ce qui nous amène à ce lien vers un article complémentaire sur les plateformes d’édition. Une piste intéressante nous est fournie par Hubert Guillaud, qui dans un billet de son blogue (La feuille) sur le site du Monde, nous indiquait dès 2012, que les plateformes de financement social comme Kick Starter représentent sans doute une meilleure entrée dans le marché de l’auto-publication que celles dédiées à cette fin. http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2012/07/20/les-plateformes-dautopublication-sont-elles-lavenir-de-ledition-electronique/