Performativité

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Si le discours sur la performativité émerge en premier lieu dans le domaine théâtral, son intérêt va au delà de ce champ. Les Performance studies contribuent désormais au développement prometteur des approches théoriques de notre époque, comme le souligne bien François Cusset dans son ouvrage French theory. La thèse de Cusset est que la réception américaine des penseurs rassemblés sous les étiquettes de structuralistes ou post-structuralistes (notamment Foucault, Derrida, Deleuze et Barthes, que nous venons de citer) a déterminé une grande vivacité théorique dans le monde américain et en même temps une épuisement du débat chez les francophones. Dans la postface à la deuxième édition de ce livre, Cusset remarque que l’arrivée des performance studies en France – à la fin de la première décennie des années 2000 – a constitué un renouveau de la réflexion théorique francophone et est en train de permettre une réouverture prolifique du débat théorique international. En d’autres termes, les performance studies peuvent être considérées comme l’un des centres des enjeux théoriques contemporains. Les notions de performance et performativité sont de plus en plus présentes dans les analyses théoriques, en théâtre, en littérature, en philosophie, en politique. Cependant nous avons le sentiment qu’il n’y a pas une définition claire des deux concepts qui permettrait de les différencier et de mieux saisir leur sens. C’est ce que nous entendons proposer dans ces pages. Il s’agit plus précisément de prendre en compte ce que nous avons défini comme “action” et d’interroger la relation entre action et performativité. Toute action est caractérisée par un certain degré de détermination. Dépendamment de l’analyse que nous en faisons, certaines actions peuvent sembler absolument déterminées, d’autres totalement libres. Nous avons analysé dans ce sens les concepts de prémédiation et celui d’affordance et comment ces notions influencent notre compréhension des dispositifs médiatiques. Il nous reste à analyser la structure de l’action pour comprendre où se trouve la composante non déterminée, celle qui permet l’éclosion d’un espace de liberté. Cette composante est ce que nous appellerons “performativité”, mais en donnant à ce terme un sens plus précis que celui qu’on trouve chez Austin ou dans le champ des performance studies. L’analyse théorique de la performativité comme composante de l’action et la définition de la différence entre performativité et performance sont les deux étapes préliminaires pour comprendre en quel sens on peut considérer la médiation comme étant performative. Dans cette opération il faudra toujours tenir à l’esprit que la division entre caractère détérminé et caractère indéterminé de l’action ne correspond pas à un véritable assemblage de ces deux composantes comme si elles étaient effectivement séparables: la distinction est donc seulement un discours qui a une fonction épistémologique – puisqu’il nous aide à comprendre une structure – sans être basé sur une séparation ontologique de ces composantes.

Performance et performativité

Pour ce faire, il nous faut d’abord préciser la différence entre le mot “performance” et le mot “performativité” dont l’utilisation reste confuse. La performance est un genre – un genre théâtral pourrait-on dire –, tandis que la performativité est une caractéristique de toute action. Toute action est, dans une certaine mesure, performative.