Désintermédiation

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Définition

La désintermédiation est un terme issu du vocabulaire économique qui qualifie la rupture des modes traditionnels de conception, production et commercialisation. Il caractérise le passage d'une économique linéaire (possesseur du bien - conseiller/vendeur - acheteur, pour donner un exemple d'une chaîne économique particulièrement simple) à une économie en réseau. Ce terme désigne un phénomène devenu monnaie courante avec le web, espace dans lequel l'institutionnalisation d'intermédiaires qui peuvent paraître superflu n'est plus respectée. Si un agent médiateur existe, celui-ci peut aisément être supprimé de la chaîne économique, puisque l'économie en réseau permet de se dispenser de ces agents qui complexifient la transmission de l'information ou du produit (dans certains cas). De plus, cet éclatement, en plus de supprimer les intermédiaires, soumet ces derniers à une concurrence toujours renouvelée : "Tout acteur, en définitive, peut à tout moment être concurrencé par un autre acteur dans une économie en réseau"[1]

La désintermédiation affecte grandement le monde de l'édition depuis la transformation numérique. Depuis le début des années 90, au moins, le secteur de l’édition subit une série de changements qui perturbent sévèrement le statut et le fonctionnement des intervenants du secteur qu’ils soient éditeurs, concepteurs, imprimeurs, diffuseurs, distributeurs, etc. Ces changements remodèlent le secteur, modifient les rôles traditionnels, amènent de nouveaux intervenants et induisent de nouvelles manières de faire. La désintermédiation du microcosme de l’édition est un processus qui pour l’instant, tend à s’accélérer et où de nombreux facteur interviennent de manière différente.


Quelques facteurs de la désintermédiation dans l'édition numérique

Les pirates

L’idée du pirate comme facteur de nuisance et/ou de perturbation dans l’univers du livre est éventuellement à repenser dans la mesure où les DRM [1](GND en français) semblent jouer un grand rôle dans la piraterie, notamment en limitant sévèrement les droits des lecteurs. Légalement, ces derniers ne sont que « locataires » de leur exemplaire numérique; ils ne détiennent en effet qu’une licence qui leur donne le droit de lire. Sans plus.

Les études et les expériences réalisées tant par des universités que de grands ensembles de publication démontrent que l'absence de DRM tend à limiter fortement sinon à faire quasiment disparaitre la piraterie. De sorte que l’on peut légitimement se demander si le phénomène de piratage en est un auto-infligé.

Quelques analyses sur le sujet: [2]

[3]

[hiltmon.com/blog/2012/10/15/walled-gardens-are-permeable]

[4]


Cette étude des universités Duke et Rice parue en 2011 démontre que l’utilisation des DRM réduit les ventes et que la suppression de ces verrous numériques diminue la piraterie: [5]

Une analyse sur le blogue Futurebook va dans le même sens : les verrous numériques nuisent d’abord aux utilisateurs honnêtes. [6]

Les ventes de l’éditeur techno O’Reilly ont augmenté de 104% dans les 18 mois suivant son abandon des DRM : http://boingboing.net/2010/01/22/oreilly-drops-ebook.html.


Autres articles et analyses : [7]

[8]

[9]

Amazon et les ténors technologiques

Amazon, Apple et Google sont théoriquement loin des champs d’action de l’édition. Mais en centralisant et en contrôlant l'accès des usagers à leurs plateformes technologiques, ils sont devenus des acteurs incontournables de la diffusion et même de la création. Amazon par exemple a maintenant ses propres auteurs.

Voici une analyse sur les principaux nouveaux intervenants dans la distribution et la vente du ebook : (Amazon, Apple, Kobo, etc.) : [10]

Voici Une démonstration chiffrée de la place prise par les intervenants non-traditionnels dans la chaine du livre : [11]

L'autopublication

L’autopublication, souvent passée sous le radar comme un phénomène marginal, s’est révélée au fil des analyses statistiques comme un vecteur de perturbation majeur du milieu de l‘édition : [12]

Les ventes de livres d’auteurs autopubliés sur Amazon dépassent maintenant celles des éditeurs traditionnels, incluant celles du Big Five : [13]

Une autre analyse similaire: [14]

L’absence d’intérêt et d’instruments de mesure de l’autopublication chez les intervenants traditionnels de l’édition font en sorte que d’importants phénomènes d’édition passent sous le radar : [15]

Le socio-financement

Autant vecteur que symptôme des perturbations, les nouvelles sources de financement qui remplacent l’éditeur et qui deviennent également une plateforme de lancement/diffusion élargissent leur influence : par exemple Kickstarter est devenue la 4ème plateforme d’édition en importance au monde [16].

Les autres plateformes de socio-financement : IndieGogo, KissKissBankBank, etc., produisent également des livres. Le verbe publier est difficile à utiliser dans de tels cas car il véhicule toute une dimension figée du monde de l'édition qui n'est pas celui des plateformes de socio-financement.

Il existe maintenant des plateformes de socio-financement où les auteurs peuvent faire financer non plus leur livre mais leur activité d’écriture au mois : [17].

Autres

Bibliographie

  1. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000381.pdf