Confrontation d'idéologie du numérique

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Selon le texte Lawrence Lessig, les dérives du web et la mort des éditeurs [1] en réaction à une entrevue donnée par Lawrence Lessig [2]

Qui sont-ils?

Lawrence Lessig [3]

Lawrence Lessig est un juriste américain enseignant le droit à la prestigieuse université Harvard. Il est au coeur de plusieurs projets alliant le numérique et la légalité, dont l'organisation Creative Commons à laquelle il préside le conseil d'administration. Sa spécialité juridique est le droit constitutionnel et la propriété intellectuelle. Par ailleurs, il est connu pour son engagement politique. Il dénonce les pouvoirs des lobbys et la corruption dans la politique américaine.

Vision primaire

Le point de vue de Lessig au sujet des éditeurs change du tout au tout. Son point de vu premier divise la Read Only Culture et la Read/Write Culture.

La première est un vestige de l'édition papier du XXe siècle. C'est une culture où l'on sépare les rôles de l'auteur, de l'éditeur et du lecteur par le besoin d'avoir un produit validé par des professionnels. L'éditeur est une figure d'autorité dans cette consommation passive d'information. À l'inverse, la Read/Write Culture marque l'arrivée du numérique. Les rôles de l'auteur et de l'éditeur sont fusionné dans un producteur unique. C'est une consommation d'information active et participative qui fonctionne en trois couches:

1. L'accès à un contenu L'utilisateur du web accède à un contenu. Cet accès propose un lien vers le producteur, entraînant la possibilité d'un dialogue entre l'utilisateur et le producteur.

2. L'utilisation de tag Les tags, ou mots clés, associés à une sources sont répertoriés. Les intérêts de l'utilisateur sont filtrés afin de mieux pouvoir lui recommander de nouvelles lectures.

3. La création d'une base de donnée. Cette base de données est créée en fonction des intérêts et du contenu visité par l'utilisateur. L'amalgame de ces trois étapes mène cependant à une bulle de filtre.

Voici la conclusion de Lessig à propos de l'édition numérique:

« Bien qu’il n’y ait aucun doute que la masse des publications en ligne opérées par des amateurs ne peut pas concurrencer la validité des sources professionnelles, la démocratisation de la culture Read/Write numérique et l’écosystème de la réputation ont fourni un espace où de nombreuses voix talentueuses ont pu se faire entendre, ce qui n’était pas possible dans le modèle Read Only du pré-numérique. »
 -Lawrence Lessig, Laws that choke creativity (conférence), 2007.

Ces mots ont été prononcés il y a quelques années, mais en suivant son raisonnement, on en arrive à la conclusion que l'édition numérique et l'accès libre du web est un grand avantage pour le lecteur et le savoir en général.


Lionel Maurel [4]

Juriste de profession, il est bibliothécaire pour une grande bibliothèque française. Il a travaillé pour la Bibliothèque nationale de France et travaille actuellement pour la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine depuis 2011. Il est aussi l'auteur du blog S.I.Lex [5]. C'est un militant sur ce qui touche à la question du droit d'auteur et de la diffusion de l'édition numérique.

Son opinion sur l'édition

Suivant la même vision primaire de Lessig où l'édition est divisée en deux ères, Lionel Maurel est de l'avis que l'éditeur était nécessaire lorsque l'édition entraînait d'énormes coûts de production. Il servait à faire un premier tri sur les oeuvres légitimes. Le numérique constitue une avancée pour la démocratisation du savoir, et surtout pour la démocratisation des moyens de publication. L'éditeur n'a pas de raison d'être dans l'ère du numérique puisqu'il constituerait une censure.

La confrontation

Initialement, Maurel et Lessig partagent la même vision de l'édition numérique. Lessig clamait haut et fort qu'Internet avait permis une nouvelle démocratisation, que cela entraînait une libération de l'information pour tous et que cela constituait « la mise en réseau des individus ». Cependant, il vient à modifier son opinion, venant à la conclusion qu'il faut un retour en force de l'éditeur, qui auraient disparus par l'arrivée du net. Lorsque Lawrence Lessig parle de la mort de l'auteur, il fait principalement référence à la fonction d'autorité qu'il procure au savoir. Ce que Lessig propose serait que l'éditeur reprenne son but premier en ayant pour objectif le web, en indiquant principalement si une source est fiable ou non. C'est ici qu'il y a divergence d'opinion puisque Maurel conçoit l'éditeur du web comme un censeur et non comme un validateur.

Le juriste américain est très préoccupé par la question des fausses informations. Par leur manque de support professionnel, il prétend que les blogs sont remplis de contenus non-professionnels. Maurel ne partage pas du tout cet avis puisqu'il publie des billets ayant une valeur intellectuelle sur son propre blog. Ce dernier conçoit le blog comme une porte d'accès au monde, un véhicule pour faire circuler sa pensée. Un ami et associé de Lessig, Aaron Swartz, publiait la majeure partie de ses réflexions sur son blog. Ce jeune homme a pourtant publié des oeuvres importantes, ses propos sur le web ne le rendent pas incrédible. D'ailleurs, il ne serait peut-être pas devenu aussi important qu'il l'était sans son rôle actif sur le web. Lessig se cache derrière l'excuse des Fake news pour affirmer que l'édition numérique et tout ce qui en découle est forcément mauvais. Il démontre son point de vue avec la (fausse) campagne médiatique entourant les élections du Président Trump. Cette course présidentielle a été incessamment parsemée de fausses nouvelles qui ont circulées abondamment sur les réseaux sociaux. Il indique aussi qu'un éditeur aurait été bénéfique pour Trump par rapport à son autopublication sur les réseaux sociaux.

Solutions possibles

Au sujet de la circulation de Fake newss, Lessig propose le retour de l'éditeur en tant que figure autoritaire. Lionel Maurel va au-delà du problème de la validation: il va à la source de la diffusion. il blâme les algorithmes responsables des bulles de filtres. Ces bulles emprisonnent l'utilisateur intéressé par un article X dans un ensemble de nouvelles similaires où elles sont parfois fausses. Sa solution serait de s'orienter vers une forme de publication décentralisée.



Notes et Références

- MAUREL, Lionel. Lawrence Lessig, les dérives du web et la mort des éditeurs. En ligne[6]. Dernière consultation: 2017/12/20.

- Entretient avec Lawrence Lessig. Lawrence Lessig (1/2) : “Dans le Net, où l'argent est roi, l'attitude désintéressée d'Aaron Swartz tranchait” . En ligne[7]. Dernière consultation: 2017/12/20