Le projet Les lignes de désir : Différence entre versions
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Pierre Ménard travaille depuis 2010 à la conception et la mise sur pied du dispositif. Il a écrit, puis réécrit les fragments du récit pendant 5 ans avant de commencer à articuler les textes avec les [[Les métadonnées et l'indexation|métadonnées]] essentielles au développement du dispositif. Toutefois, la version officielle n’existe pas encore. Deux prototypes développés par David Hodgetts et Olivier Evalet ont été testés, mais ils ne permettent malheureusement pas encore de réaliser l’étendue des possibilités envisagées par Pierre Ménard et son collaborateur [http://ulrichfischer.net/ Ulrich Fischer].<ref>http://ulrichfischer.net/2016/08/21/prototype-ldd/</ref> | Pierre Ménard travaille depuis 2010 à la conception et la mise sur pied du dispositif. Il a écrit, puis réécrit les fragments du récit pendant 5 ans avant de commencer à articuler les textes avec les [[Les métadonnées et l'indexation|métadonnées]] essentielles au développement du dispositif. Toutefois, la version officielle n’existe pas encore. Deux prototypes développés par David Hodgetts et Olivier Evalet ont été testés, mais ils ne permettent malheureusement pas encore de réaliser l’étendue des possibilités envisagées par Pierre Ménard et son collaborateur [http://ulrichfischer.net/ Ulrich Fischer].<ref>http://ulrichfischer.net/2016/08/21/prototype-ldd/</ref> | ||
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Version du 20 décembre 2017 à 21:34
Sommaire
Le projet
Le projet Les lignes de désir
L'interactivité, dans le contexte d'édition numérique, redéfinit les notions de lecture/écriture
Il s’agit d’un dispositif transmédia à travers lequel une fiction interactive prend place. Le projet Les lignes de désir est une édition qui questionne ce qui peut être réalisé grâce au livre numérique et à ces spécificités techniques. Pierre Ménard croit que l’expérience de lecture est unique et tente de reproduire cette singularité à travers la découverte d’une ville par l’entremise d’une histoire fictionnelle.[1]
L’ordre de lecture du récit est déterminé par l’utilisateur qui déambule entre les pages du livre, en marchant spontanément dans les rues de la ville. L’histoire prend place au centre de Paris à l’île Saint-Louis et met en scène un homme qui visite les différents lieux qu’il fréquentait avec celle qu’il aimait avant qu’elle ne disparaisse mystérieusement.[2] Le dispositif des lignes de désir permet ainsi au lecteur de parcourir l’île en écoutant la version audio du livre accompagnant le texte. L’utilisateur se trouve donc au cœur même de l’espace physique où le récit fictionnel prend place. Le dispositif vient donc modifier les habitudes de lecture des utilisateurs en offrant un système de navigation interactif qui laisse au public l’opportunité de décider de la suite des évènements.
Les lignes de désir
Le titre du projet est très révélateur dans la mesure où les lignes de désir correspondent aux passages alternatifs formés par le piétinement répété. Pierre Ménard ajoute même que les lignes de désir sont « tracées par chacun dans une volonté d’arriver plus vite à destination, ou simplement par curiosité, ces lignes matérialisent la force de transformation et de liberté que peut prendre chaque individu sur l’espace urbain ».[3] Cette idée d’appropriation de l’espace est précisément ce qui guide ce projet éditorial. Tout comme les lignes de désir constituent une route alternative employée librement par les usagers, les lecteurs peuvent eux-mêmes choisir le chemin qu’ils préfèrent emprunter pour construire la fiction.
Le texte et l’histoire
Pierre Ménard travaille depuis 2010 à la conception et la mise sur pied du dispositif. Il a écrit, puis réécrit les fragments du récit pendant 5 ans avant de commencer à articuler les textes avec les métadonnées essentielles au développement du dispositif. Toutefois, la version officielle n’existe pas encore. Deux prototypes développés par David Hodgetts et Olivier Evalet ont été testés, mais ils ne permettent malheureusement pas encore de réaliser l’étendue des possibilités envisagées par Pierre Ménard et son collaborateur Ulrich Fischer.[4]
L’histoire est écrite dans une approche qui est à priori fragmentaire et est divisée selon des thématiques et des lieux. Afin de permettre un mode de lecture éclaté et aléatoire, les blocs du récit sont individuellement autonomes.[5] De cette façon, bien que divisé, le contenu de cette fiction ne donne pas l’impression d’être le résultat du découpage d’une trame narrative linéaire. C’est donc en assemblant les différentes parties de l’histoire, un peu à la manière d’un casse-tête que le lecteur pourra apprécier l’ensemble de l’œuvre. Toutefois, l’utilisateur du dispositif est libre de créer l’agencement qu’il lui plaît, sans se soucier d’un ordre quelconque. En parcourant l’île Saint-Louis pour retrouver la trace de la femme disparue, le lecteur en apprend davantage sur l’histoire qui relie les personnages, mais aussi sur les lieux où l’action prend place.[6]
Dispositifs
Le dispositif des Lignes de désir situe l’utilisateur entre l’environnement numérique et l’espace physique réel. Le lecteur est encouragé à avancer pour connaître la suite des évènements. En fait, les participants sont invités à s’égarer dans les lieux à la découverte de l’île Saint-Louis pour s’approprier l’espace numérique auquel il est associé par les textes.[7] Dans cet espace intermédiaire, la narration est augmentée par le visuel, les sons et l’atmosphère de l’environnement réel. L’expérience immersive est donc marquée par des imprévus qui viennent accompagner le contenu de l’histoire. Le dispositif transmédia conçu pour le projet Les lignes de désir renouvelle les pratiques de la chaîne éditoriale en plaçant le lecteur au centre de l’œuvre. La participation active dans un environnement réel permet à l’utilisateur de s’approprier le contenu en devenant lui-même l’écrivain du récit.
Dimension transmédia
Le projet Les lignes de désir regroupe différents éléments en lien avec la fiction, puis les coordonne sur différentes [[1]] médiatiques afin de créer une narration enrichie.[8] L’expérience des utilisateurs devient alors immersive et participative. De plus, Pierre Ménard ne souhaite pas restreindre la portée de sa fiction. Pour ce faire, il accorde une importance capitale à l’interopérabilité du dispositif en prévoyant son adaptation sur différents supports de lecture. La modularité est un aspect essentiel du projet, puisqu’elle permet de faciliter les liens entre les différentes versions du texte.
Le dispositif diffuse le contenu du récit dans différents formats :
- Des installations sonores
- Des performances sous forme de visites guidées[9]
- Un livre numérique disponible sur publie.net qui correspond au résultat d’une sélection aléatoire des pages du récit afin de respecter l’éclatement de la trame narrative.
- Un livre d’artiste disponible en petite quantité sous forme de cartes à jouer. Cette série de contenus supplémentaires se base sur des documents collectés sur le compte Tumblr des Lignes de désir.
- Un site web responsive et une application qui comprennent respectivement le texte fragmenté en 365 blocs. Ces mêmes segments sont disponibles sous forme de mini livres audios et de créations musicales. Il est possible de partager son expérience personnelle avec la communauté du site.
- Une application mobile compatible avec iOS et Android.[10] Tout comme le site web, l’application permet de découvrir la fiction en marchant directement dans la ville.
Il existe deux styles d’interaction possible par l’entremise du dispositif, l’option mobile qui valorise le déplacement au sein de l’environnement réel ou le modèle fixe qui facilite l’accès de chez soi.[11]
Fonctionnement du dispositif
Le récit est généré par un flux de données indexées à l’aide de mots descripteurs et de métadonnées qui lient les éléments entre eux. Les métadonnées sont connectées de façon prédéterminée par l’auteur, lui accordant donc un certain pouvoir minime sur l’ordre d’apparition des blocs de texte. Les fragments sonores sont divisés en zones qui permettent de les géolocaliser. Ainsi, le texte peut être conçu comme une base de données qui s’organise en fonction du déplacement de l’utilisateur. Le lecteur à un rôle actif, puisque c’est par sa présence dans un lieu que le texte sera appelé. Le récit engendré par le parcours de l’utilisateur combine grâce à un algorithme les contenus de la base de données.[12]
Algorithme
L’algorithme conçu pour les besoins du projets Les lignes de désir répond à 4 principes[13]:
- Filtre de proximité : L’algorithme capte les fragments sonores les plus près de la localisation du lecteur.
- Vitesse de déplacement : Le contenu des enregistrements varie selon la vitesse du déplacement en recoupant le fragment sonore dans le cas d’une marche rapide. Ce second niveau de coupure est prédéfini par l’auteur.
- Affiliation des fragments de texte par thématique : Cela assure un contenu logique et une continuité narrative.
- Aucun doublon : Un même fragment ne peut pas être présenté deux fois au lecteur lors de son expérience.
Limites du dispositif
- L’espace dans lequel se déroule l’histoire contraint l’utilisateur à se déplacer à l’intérieur d’un périmètre défini. Cela affecte principalement l’expérience des utilisateurs sur place, bien que cela contribue à la dimension immersive de l’expérience.
- L’histoire fragmentée en 365 parties permet un nombre limité de combinaisons possibles. Ce qui vient réellement personnaliser l’expérience de chaque lecteur c’est le rythme selon lequel la ville sera découverte. Le dispositif prend en compte la vitesse de marche et le comportement du lecteur pour modifier la forme même du récit. En effet, l’œuvre devient singulière en fonction de certains comportements comme le rythme du déplacement, la durée du parcours, le sens de circulation, l’hésitation, la prise de photo, le fait de rester statique un moment ou de retourner sur ses pas.[14]
- Il faut avoir accès à internet pour pourvoir utiliser le site web et l’application des Lignes de désir.
Édition
Chaque lecteur est en mesure de concevoir sa propre version du récit en suivant l’itinéraire de son choix. De ce fait, l’expérience unique de chaque personne peut être conservée grâce à une édition du récit qui assemble les fragments de l’histoire en fonction des choix qui ont ponctués le parcours du lecteur. Les traces du chemin dessiné lors de l’exploration de la ville et du récit forme l’œuvre. Le récit déterminé par le parcours du lecteur permet la création en parallèle d’un livre numérique. À tout moment, l’utilisateur du dispositif peut visualiser l’écriture et l’édition du texte. Il est aussi possible d’attendre à la toute fin de la promenade pour apprécier le produit final. S’il le désir, le lecteur peut éditer le produit final en allant sur le site web responsive dédié au projet. À la fin de l’exploration, le livre numérique produit est disponible pour le téléchargement en format ePub et vise à être partagé.[15] À la demande du lecteur, il est possible d’imprimer l’édition de son livre grâce à publie.papier.[16]
Bien que l’œuvre soit nativement numérique, la possibilité de conserver une copie papier semble attirante à des fins d’archivage et de pérennité du contenu. Le projet de Pierre Ménard expose à la fois une continuité des pratiques éditoriales, mais surtout une rupture en proposant un dispositif qui prend vie uniquement grâce aux technologies numériques.[17] Ensuite, pour pallier à la contrainte de l’espace qui définit le cadre du récit des Lignes de désir, il est possible d’accéder à l’histoire par l’entremise d’un livre audio en version mp3. Le lecteur peut choisir un point de départ et un point d’arriver, puis il peut éditer le contenu du livre audio. Cette édition peut être accompagnée d’un diaporama contenant des photographies ajoutés automatiquement par le dispositif ou prises par les participants pour personnaliser d’autant plus sa version du récit. Les images du diaporama sont géolocalisées sur la carte lors de leur téléchargement. Par ailleurs, un espace collaboratif est prévu sur le site responsive pour permettre aux lecteurs de partager leurs expériences et leurs photographies. Ainsi, sans même quitter le confort de sa maison, un lecteur peut faire l’essai d’une lecture augmentée par son interactivité et son immersion.[18]
Appropriation
Il s’agit d’une dimension interactive qui brouille la frontière qui distingue les notions de lecture et d’écriture. Grâce au dispositif, le lecteur peut jouer plusieurs rôles, soit celui du spectateur, celui de l’écrivain et celui de l’éditeur.[19] Le contenu s’adapte en fonction de l’utilisateur qui choisit le trajet, ce qui lui permet de s’approprier le récit complètement.[20] En fait, la participation du lecteur est nécessaire s’il souhaite connaître la suite de l’histoire. Le texte est le résultat d’une écriture multimédia qui met en relation texte, images, sons, vidéo et géolocalisation. Le lecteur se situe au cœur des lieux ou l’histoire prend place afin de permettre une interaction directe avec l’œuvre. L’expérience utilisateur est unique puisque le participant décide lui-même du chemin qui sera emprunter pour construire l’histoire et de la vitesse à laquelle les évènements se succèderont. Dans une perspective herméneutique, le dispositif proposé par Pierre Ménard renouvelle les pratiques de lecture et d’écriture des utilisateurs. [21] La compréhension, le questionnement, la réflexion puis l'interprétation des textes sont des processus subjectifs qui sont personnalisés dans la mesure où le lecteur peut s’approprier le contenu.[22] Bien que l’auteur de l’histoire garde un certain contrôle en ce qui concerne les segments de l’histoire, l’utilisateur rend l’ordre de la trame narrative tout à fait arbitraire en fonction du chemin qu’il emprunte dans la ville.
Références
- ↑ https://prezi.com/yygsrfsgm4c2/les-lignes-de-desir/?webgl=0
- ↑ http://www.liminaire.fr/liminaire/article/litterature-et-dispositifs
- ↑ https://prezi.com/yygsrfsgm4c2/les-lignes-de-desir/?webgl=0
- ↑ http://ulrichfischer.net/2016/08/21/prototype-ldd/
- ↑ http://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/narration-combinatoire-l-ecriture
- ↑ https://lignesdesir.wordpress.com/2016/03/15/histoire/
- ↑ http://www.liminaire.fr/liminaire/article/litterature-et-dispositifs
- ↑ http://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2014-3-page-55.htm
- ↑ http://www.liminaire.fr/liminaire/article/l-experience-d-un-recit-en-marche
- ↑ http://www.liminaire.fr/liminaire/article/l-experience-d-un-recit-en-marche
- ↑ http://ulrichfischer.net/2017/07/03/lapplication-mobile-lignes-de-desir-peau-neuve/
- ↑ http://www.liminaire.fr/liminaire/article/dispositif-intermedia-pour-recit
- ↑ http://www.leslignesdedesir.net/
- ↑ http://ulrichfischer.net/?s=lignes+de+d%C3%A9sirs
- ↑ https://lignesdesir.wordpress.com/presentation/
- ↑ https://lignesdesir.wordpress.com/fonctionnement-du-site/
- ↑ https://prezi.com/yygsrfsgm4c2/les-lignes-de-desir/?webgl=0
- ↑ https://lignesdesir.wordpress.com/fonctionnement-du-site/
- ↑ http://www.liminaire.fr/liminaire/article/l-experience-d-un-recit-en-marche
- ↑ http://www.liminaire.fr/liminaire/article/litterature-et-dispositifs
- ↑ https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00586512/document
- ↑ http://www.fondsricoeur.fr/uploads/medias/doc/cours/hermeneutique-cours-de-louvain-introduction.pdf