Légitimation : Différence entre versions

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* Phénomène de [[désintermédiation]] - l'intermédiaire éditorial est fragilisé dans le circuit de circulation de l'information. Les acteurs, les ressources se multiplient. Il est plus difficile (sauf dans des champs spécialisés, académiques ou très institutionnels) de maintenir une réputation, donc la capacité à légitimiser du contenu. Des institutions et des maisons d’éditions restent en place, mais leur capacité de légitimation est diluée.  
 
* Phénomène de [[désintermédiation]] - l'intermédiaire éditorial est fragilisé dans le circuit de circulation de l'information. Les acteurs, les ressources se multiplient. Il est plus difficile (sauf dans des champs spécialisés, académiques ou très institutionnels) de maintenir une réputation, donc la capacité à légitimiser du contenu. Des institutions et des maisons d’éditions restent en place, mais leur capacité de légitimation est diluée.  
  
*Plus généralement, on passe d'une logique de '''sélection''' (contrôle de ce qui est à publier ou pas) à une logique de '''recommandation''' (capacité à faire ressortir ce qui est digne de mention parmi l'abondance).
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*Plus généralement, on passe d'une logique de '''sélection''' (contrôle de ce qui est à publier ou pas) à une logique de '''recommandation''' (capacité à faire ressortir ce qui est digne de mention parmi l'abondance) ou encore de [[curation]].
  
 
* Le lecteur/usager devient la figure centrale, qui doit distinguer ce qui est légitime. Il devient crucial de développer la littératie numérique, pour améliorer la capacité à trier les contenus, évaluer leur crédibilité.  
 
* Le lecteur/usager devient la figure centrale, qui doit distinguer ce qui est légitime. Il devient crucial de développer la littératie numérique, pour améliorer la capacité à trier les contenus, évaluer leur crédibilité.  

Version actuelle en date du 12 novembre 2017 à 18:33

Définition

Légitimation


La légitimation est mise au défi par la Désintermédiation

La légitimation relève de la fonction éditoriale

La légitimation évolue avec la puissance de recommandation de l’ algorithme et des GAFAM




Discussion

La légitimation est le processus permettant de rendre une personne, un phénomène, un fait légitime, justifiable. Il peut s'agir d'un droit, d'un pouvoir particulier (d'expertise), d'un statut. Il s'agit d'entériner, de stabiliser durablement une légitimité. La légitimation de contenu est le 3ème axe de la fonction éditoriale, avec la production et la diffusion.

Enjeux dans le domaine de l'édition

La légitimation est traditionnellement le rôle de l’éditeur. Par le choix qu'il fait de ce qui est publié, au terme d'un processus d'évaluation, il porte un jugement de valeur sur l'auteur, l'ouvrage. Dans l'écosystème de l'édition (auprès de ses pairs, des institutions, du public), il se porte ainsi garant de la qualité et de la validité des publications. L'éditeur donne ainsi crédibilité à l’auteur / l’ouvrage, tout au long des étapes de l'édition (production, diffusion). C'est l'éditeur qui défend ses choix, son expertise, sa cohérence éditoriale devant les libraires, devant le grand public, etc. La réputation de sa marque en dépend.

Le peer-reviewing, ou évaluation par les pairs, est un autre mode de légitimation.

Légitimation et confiance

La légitimation procède de ce que Foucault appelle les régimes de vérité, permettant de distinguer les discours et imaginaires légitimement acceptés par un groupe, une société. C’est un fondement essentiel de systèmes politiques (particulièrement démocratiques) et des systèmes médiatiques, qui doivent établir leur crédibilité sur les informations qu’ils diffusent et rendent ainsi légitimes. La légitimation procède donc de l’établissement de la confiance.

Les problématiques émergentes

Ce qui change avec le numérique :

  • L'éditeur perd partiellement le contrôle qu'il pouvait avoir sur le processus de légitimation. Il n’est plus tant (ou seul) le garant de la pertinence et de la qualité du contenu.
  • Phénomène de désintermédiation - l'intermédiaire éditorial est fragilisé dans le circuit de circulation de l'information. Les acteurs, les ressources se multiplient. Il est plus difficile (sauf dans des champs spécialisés, académiques ou très institutionnels) de maintenir une réputation, donc la capacité à légitimiser du contenu. Des institutions et des maisons d’éditions restent en place, mais leur capacité de légitimation est diluée.
  • Plus généralement, on passe d'une logique de sélection (contrôle de ce qui est à publier ou pas) à une logique de recommandation (capacité à faire ressortir ce qui est digne de mention parmi l'abondance) ou encore de curation.
  • Le lecteur/usager devient la figure centrale, qui doit distinguer ce qui est légitime. Il devient crucial de développer la littératie numérique, pour améliorer la capacité à trier les contenus, évaluer leur crédibilité.
  • Avec la puissance de calcul des algorithmes et d'agrégation des métadonnées, Google ou Amazon sont capables de trier et de proposer du contenu selon le profil de l'utilisateur et les traces de sa navigation. Prenant une position hégémonique dans leur domaine, ils forment de nouvelles formes de légitimation, basée sur leur puissance de calcul, où c’est la connaissance fine des consommateurs, mêlée à des enjeux de popularité, de marketing et de rentabilité qui importe. L’opacité de ces processus est éminemment problématique.

Légitimation des protocoles et formats numériques

Autre aspect du numérique, les protocoles et formats doivent subir le test de confiance, prouver leur légitimité, notamment la capacité à ne pas être falsifié, ou leur pérennité.

Le travail de légitimation passe à la fois par les institutions d’Internet et du web, et par l’expérimentation et la mise en concurrence de différents agents qui proposent des formats (pdf, jpeg, gif, wmv…), les formats les plus populaires s’imposant peu à peu (pdf).

En ‘abandonnant’ l’objet-livre, le numérique ouvre de nombreuses possibilités de partage, d’interaction, d’innovation, d’intégration multimédia, mais dont les supports doivent établir et maintenir leur légitimité au fil des changements technologiques.


Notes et références

Mille, Alain. « D’Internet au web ». Dans Pratiques de l’édition numérique. Sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, 7–11. Parcours Numériques. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014. http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/d-internet-au-web.

Ertzscheid, Olivier. «Entre utopie et dystopie : une histoire du web». Dans Lire+Écrire. Publie.net., 2014.