Synthèse séance 10 : Différence entre versions
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+ | Pour le lecteur, les techniques d'appropriation sont nombreuses: partages, tags, captures d'écran, hyperliens, etc. L'appropriation autrefois individuelle (souligner le texte, classer le livre, annoter dans les marges) devient collective. Des plateformes comme [https://web.hypothes.is/ Hypothesis] le démontrent bien en permettant aux lecteurs de partager leurs annotations et leurs commentaires avec un groupe plus ou moins restreint d'internautes. L'interactivité de l'environnement numérique inscrit le contenu dans différentes couches d'interprétation. | ||
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Dans un contexte scientifique, le transmédia permet de multiplier les plateformes et les applications, mais permet surtout leur utilisation parallèle et simultanée: chacun peut fonctionner sur la plateforme de son choix et selon sa propre temporalité. Le numérique permet de réagir au contenu, mais aussi aux autres réactions grâce à son environnement collectif. Ces interactions sont donc des traces de la réception du contenu, mais aussi de son appropriation après réception et du processus critique de réflexion. Le transmédia permet de lire, d'écrire, d'agencer et de réécrire en [[édition en réseau|continu]]. Les plateformes de [[curation]] permettent aussi une certaine réécriture; c'est une forme d'[[appropriation]] de contenu. Le transmédia permet la création de dispositifs favorisant la production, la validation et la circulation de connaissances ce qui se rapporte à la [[fonction éditoriale]]. La réflexion peut avoir lieu en temps réel ou non; les temporalités synchrones et asynchrones font toutes partie du projet. Le numérique permet aussi aux participants de contribuer à différents niveaux et de changer de rôle; ils peuvent intervenir comme ils le désirent s'il respectent la structuration de l'espace de collaboration. La pertinence de l'aspect interactif se voit dans la multiplication des idées: les interventions d'amateurs peuvent, par exemple, servir de point de départ pour des recherches scientifiques. | Dans un contexte scientifique, le transmédia permet de multiplier les plateformes et les applications, mais permet surtout leur utilisation parallèle et simultanée: chacun peut fonctionner sur la plateforme de son choix et selon sa propre temporalité. Le numérique permet de réagir au contenu, mais aussi aux autres réactions grâce à son environnement collectif. Ces interactions sont donc des traces de la réception du contenu, mais aussi de son appropriation après réception et du processus critique de réflexion. Le transmédia permet de lire, d'écrire, d'agencer et de réécrire en [[édition en réseau|continu]]. Les plateformes de [[curation]] permettent aussi une certaine réécriture; c'est une forme d'[[appropriation]] de contenu. Le transmédia permet la création de dispositifs favorisant la production, la validation et la circulation de connaissances ce qui se rapporte à la [[fonction éditoriale]]. La réflexion peut avoir lieu en temps réel ou non; les temporalités synchrones et asynchrones font toutes partie du projet. Le numérique permet aussi aux participants de contribuer à différents niveaux et de changer de rôle; ils peuvent intervenir comme ils le désirent s'il respectent la structuration de l'espace de collaboration. La pertinence de l'aspect interactif se voit dans la multiplication des idées: les interventions d'amateurs peuvent, par exemple, servir de point de départ pour des recherches scientifiques. | ||
− | Le transmédia fait aussi naitre certains défis. La finalité, dans un environnement numérique et surtout en [[l'écriture collaborative|écriture collaborative]] demeure un problème. Dans une dynamique d'écriture/lecture/réécriture, il est difficile de marquer la fin d'un projet | + | Le transmédia fait aussi naitre certains défis. La finalité, dans un environnement numérique et surtout en [[l'écriture collaborative|écriture collaborative]] demeure un problème. Dans une dynamique d'écriture/lecture/réécriture, il est difficile de marquer la fin d'un projet. Il ne faut pas perdre de vue les buts d'un projet même si celui-ci encourage l'interaction à différents moments. De plus, le transmédia, de par son aspect fragmentaire, émiette l'attention. L'environnement numérique multiplie non seulement le nombre de collaborateurs, mais aussi de publications. L'impact de la surabondance de contenus est étudié en [[économie de l'attention]]. |
==Translittératie== | ==Translittératie== |
Version du 17 décembre 2017 à 15:25
Sommaire
Éditorialisation
Carte des connaissances
Éditorialisation
Définition
Il ne faut pas confondre le terme d'éditorialisation avec le mot anglais editorialization qui désigne simplement l'action de rédiger un éditorial. En français, l'idée d'éditorialisation a été théorisée par Bruno Bachimont qui la désignait comme un « processus consistant à enrôler des ressources pour les intégrer dans une nouvelle publication », [1]. Pour lui, c'est donc une recontextualisation de contenu préexistant. L'éditorialisation se rapproche, dans cette définition, de la redocumentarisation; la démarche par laquelle une ressource papier est numérisée, puis affichée sur un écran est un exemple de cette idée. L'utilisation du terme éditorialisation souligne la différence entre l'indexation pour la recherche et l'indexation pour la publication: des pratiques éditoriales sont en action dans le second processus.
De son côté, Marcello Vitali-Rosati a travaillé longuement sur le concept d'éditorialisation et, plus particulièrement, sur les liens qui existent entre cette pratique et l'environnement numérique. Dans cette définition, l'éditorialisation englobe différents phénomènes et s'intéresse à ce qui structure l'espace étudié: plateformes, usagers et interactions collectives ou individuelles. [2]
Ainsi, l'éditorialisation est l'ensemble des outils organisant le contenu numérique: « appareils techniques (le réseau, les serveurs, les plateformes, les CMS, les algorithmes des moteurs de recherche), des structures (l'hypertexte, le multimédia, les métadonnées) et des pratiques (l’annotation, les commentaires, les recommandations via les réseaux sociaux) » [3] L'idée est d'analyser l'impact des technologies numériques sur le principe même d'édition classique. C'est un processus ouvert dans le temps, car il permet aux contenus de changer sans cesse; mais aussi ouvert dans l'espace, car il fait intervenir des plateformes diverses. C'est un phénomène culturel, car l'environnement - et l'environnement numérique - est le reflet de la culture dans laquelle il se développe.
Impact sur l'édition
L'éditorialisation vient influencer la fonction éditoriale et ses axes de production, diffusion et légitimation des contenus. L'importance de pratiques comme les annotations, les commentaires ou les recommandations exigent la mise en place de conditions favorables à l'appropriation. En plus de les développer, l'éditeur doit aussi définir ces conditions et se questionner sur des enjeux comme le libre accès, les DRM ou les conditions de partage. L'utilisation de plateformes et de moteurs de recherche demande aussi un bon référencement du contenu. En édition classique, l'éditeur devait trouver un lectorat pour le texte qu'il publiait en analysant ses compétences et ses besoins; en édition numérique, il doit aussi s'assurer que le lecteur potentiel puisse dans un premier temps trouver le texte, puis y accéder.
Pour le lecteur, les techniques d'appropriation sont nombreuses: partages, tags, captures d'écran, hyperliens, etc. L'appropriation autrefois individuelle (souligner le texte, classer le livre, annoter dans les marges) devient collective. Des plateformes comme Hypothesis le démontrent bien en permettant aux lecteurs de partager leurs annotations et leurs commentaires avec un groupe plus ou moins restreint d'internautes. L'interactivité de l'environnement numérique inscrit le contenu dans différentes couches d'interprétation.
Transmédia documentaire
La structuration de l'espace numérique étudiée par l'éditorialisation permet de multiplier les possibilités d'interactions collectives et individuelles. Le concept de transmédia désigne les oeuvres fictives ou documentaires dont le contenu est divisé sur plusieurs plateformes. Le numérique permet d'intégrer différents médias au sein d'une oeuvre (texte, jeu, film, série, bd, site web, etc.) en plus d'offrir des extensions interactives. Chaque médium doit apporter quelque chose d'unique et de distinct au contenu global [4] et doit pouvoir être le premier contact avec l'oeuvre. La progression dans un projet transmédia n'est pas linéaire; elle est fragmentée et multiple. Jenkins parle de world making en expliquant que le transmédia permet la création d'un monde rempli d'histoires différentes (traitées par des média divers et de longueurs variables) et non plus une seule histoire comme c'était le cas sur papier par exemple.
Dans un contexte scientifique, le transmédia permet de multiplier les plateformes et les applications, mais permet surtout leur utilisation parallèle et simultanée: chacun peut fonctionner sur la plateforme de son choix et selon sa propre temporalité. Le numérique permet de réagir au contenu, mais aussi aux autres réactions grâce à son environnement collectif. Ces interactions sont donc des traces de la réception du contenu, mais aussi de son appropriation après réception et du processus critique de réflexion. Le transmédia permet de lire, d'écrire, d'agencer et de réécrire en continu. Les plateformes de curation permettent aussi une certaine réécriture; c'est une forme d'appropriation de contenu. Le transmédia permet la création de dispositifs favorisant la production, la validation et la circulation de connaissances ce qui se rapporte à la fonction éditoriale. La réflexion peut avoir lieu en temps réel ou non; les temporalités synchrones et asynchrones font toutes partie du projet. Le numérique permet aussi aux participants de contribuer à différents niveaux et de changer de rôle; ils peuvent intervenir comme ils le désirent s'il respectent la structuration de l'espace de collaboration. La pertinence de l'aspect interactif se voit dans la multiplication des idées: les interventions d'amateurs peuvent, par exemple, servir de point de départ pour des recherches scientifiques.
Le transmédia fait aussi naitre certains défis. La finalité, dans un environnement numérique et surtout en écriture collaborative demeure un problème. Dans une dynamique d'écriture/lecture/réécriture, il est difficile de marquer la fin d'un projet. Il ne faut pas perdre de vue les buts d'un projet même si celui-ci encourage l'interaction à différents moments. De plus, le transmédia, de par son aspect fragmentaire, émiette l'attention. L'environnement numérique multiplie non seulement le nombre de collaborateurs, mais aussi de publications. L'impact de la surabondance de contenus est étudié en économie de l'attention.
Translittératie
La littératie désigne la capacité de lire et d'écrire, mais elle dépasse ces actions. Elle sous-entend surtout la compréhension d'un texte que ce dernier soit suivi ou discontinu. La littératie est aussi la capacité de gérer l'information qui provient de tableaux, de graphiques ou de diagrammes. Le lecteur doit comprendre ce qu'il lit, en dégager le sens et en faire une analyse critique. Il doit aussi être apte à résoudre des problèmes et à faire preuve de jugement et de raisonnement. [5]. La translittératie encourage ces capacités dans un milieu numérique. Ainsi, elle fait référence à « l'habileté à lire, écrire et interagir par le biais d'une variété de plateformes, d'outils et de moyens de communication, de l'iconographie à l'oralité en passant par l'écriture manuscrite, l'édition, la télévision, la radio et le cinéma jusqu'aux réseaux sociaux » [6]. C'est donc une lecture et une écriture favorisant la compréhension, mais aussi - et surtout - l'interaction. Le rapport de l'humain au texte est bouleversé par la multiplicité des moyens de communication et des plateformes. L'avènement du numérique change le medium de lecture et provoque des changements sensoriels, mais aussi sociaux. Le web 2.0 permet la réflexion collective et facilite les liens sociaux. Alan Liu théorise aussi que la translittératie inclut, entre autres, la reconfiguration de la forme et de l'échelle du texte, des opérations cognitives effectuées par le lecteur et des matérialités diverses du virtuel. [7]
Références
- ↑ Bachimont, Bruno (2007). Nouvelles tendances applicatives : de l’indexation à l’éditorialisation dans Gros, Patrick (dir.) L'indexation multimédia : description et recherche automatiques. Paris: Lavoisier.
- ↑ Éditorialisation. (s. d.). Dans Ediwiki. Repéré le 7 décembre 2017 à http://editorialisation.org/ediwiki/index.php?title=Éditorialisation
- ↑ Vitali-Rosati, Marcello. (2014). Les revues littéraires en ligne : entre éditorialisation et réseaux d’intelligences. Études françaises, 50(3), 83-104. doi: http://dx.doi.org/10.7202/1027191ar.
- ↑ Jenkins, Henry (2003). Transmedia Storytelling. MIT Technology Review. Repéré à https://www.technologyreview.com/s/401760/transmedia-storytelling/
- ↑ Desrochers, Nadine (2017). SCI6344: Littératie. Repéré dans l'environnement StudiUM: https://studium.umontreal.ca
- ↑ Thomas Sue, "Transliteracy: Crossing divides", First Monday, n°12, 3 décembre 2007, p.2, disponible en ligne : http://www.uic.edu/htbin/cgiwrap/bin/ojs/index.php/fm/article/view/2060/1908
- ↑ Liu, Alan (2012). Translittératies: le big bang de la lecture en ligne. INA. Repéré à https://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-l-education-aux-cultures-de-l-information/translitteraties-le-big-bang-de-la-lecture-en-ligne.html