Synthèse séance 4 : Différence entre versions
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Le terme numérique peut se concevoir de deux façons distinctes. D'une part, dans le langage courant, il est généralement associé à un traitement technologique, que nous regroupons sous trois aspects : en tant que technologie de calcul (conjonction de calcul ; [[Discrétisation|discrétisation]]), en tant que technologie de communication (réseaux ; [[Internet|internet]]) et en tant que technologie de publication et d'édition ([[Web|web]]). <br> | Le terme numérique peut se concevoir de deux façons distinctes. D'une part, dans le langage courant, il est généralement associé à un traitement technologique, que nous regroupons sous trois aspects : en tant que technologie de calcul (conjonction de calcul ; [[Discrétisation|discrétisation]]), en tant que technologie de communication (réseaux ; [[Internet|internet]]) et en tant que technologie de publication et d'édition ([[Web|web]]). <br> | ||
− | D'une autre part, il évoque surtout un aspect culturel. Le terme ayant d'abord été utilisé en opposition à l'analogique, c'est-à-dire dans un langage technique, les nouvelles technologies liées au fait numérique ont complètement bouleversé non seulement les systèmes établis mais aussi les pratiques générales. Dans le champ de l’édition numérique, nous pensons notamment aux pratiques liées à notre rapport au savoir, à la circulation et la légitimation des contenus. Aujourd'hui, le numérique ne se restreint plus au monde de la machine, il semble que l'on puisse désormais comprendre le terme numérique comme l'expression d'un phénomène culturel. Ce sont ces bouleversements des pratiques qui nous permettent de parler de [[Culture numérique|culture numérique]]. On ne peut réduire la définition de ce terme en un ensemble d'outils puisqu'il ne se substitue pas à d'autres pratiques, mais en crée de nouvelles. « Il [l'outil numérique] modifie notre façon d’être au monde mais aussi notre « nature », car il change notre façon de comprendre, notre façon de gérer l’attention, notre façon de penser, notre perception du temps, de l’ennui et ainsi de suite »<ref>Vitali-Rosati, Marcello, « Pratiques de l’édition numérique», 2014, Chapitre 4</ref>. <br> | + | D'une autre part, il évoque surtout un aspect culturel. Le terme ayant d'abord été utilisé en opposition à l'analogique, c'est-à-dire dans un langage technique, les nouvelles technologies liées au fait numérique ont complètement bouleversé non seulement les systèmes établis mais aussi les pratiques générales. Dans le champ de l’édition numérique, nous pensons notamment aux pratiques liées à notre rapport au savoir, à la circulation et la légitimation des contenus, ainsi qu'à leur diffusion. Aujourd'hui, le numérique ne se restreint plus au monde de la machine, il semble que l'on puisse désormais comprendre le terme numérique comme l'expression d'un phénomène culturel. Ce sont ces bouleversements des pratiques qui nous permettent de parler de [[Culture numérique|culture numérique]]. On ne peut réduire la définition de ce terme en un ensemble d'outils puisqu'il ne se substitue pas à d'autres pratiques, mais en crée de nouvelles. « Il [l'outil numérique] modifie notre façon d’être au monde mais aussi notre « nature », car il change notre façon de comprendre, notre façon de gérer l’attention, notre façon de penser, notre perception du temps, de l’ennui et ainsi de suite »<ref>Vitali-Rosati, Marcello, « Pratiques de l’édition numérique», 2014, Chapitre 4</ref>. <br> |
De plus, à la lumière de la [[Théorie du support|théorie du support]], le numérique introduit des nouvelles formes de pensée au sens où un changement de la nature du texte, autrement dit du support, entraine du même coup une réflexion sur celui-ci mais aussi de nouvelles possibilités d'interprétations. | De plus, à la lumière de la [[Théorie du support|théorie du support]], le numérique introduit des nouvelles formes de pensée au sens où un changement de la nature du texte, autrement dit du support, entraine du même coup une réflexion sur celui-ci mais aussi de nouvelles possibilités d'interprétations. |
Version du 18 octobre 2017 à 12:31
Sommaire
La carte de connaissances
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Notions:
- Théorie du support (A)
- Texte numérique (A)
- Discrétisation (A)
- Médiation (C)
- Culture numérique (C)
- Herméneutique et numérique (à revoir) (C)
Définition du numérique
Le terme numérique peut se concevoir de deux façons distinctes. D'une part, dans le langage courant, il est généralement associé à un traitement technologique, que nous regroupons sous trois aspects : en tant que technologie de calcul (conjonction de calcul ; discrétisation), en tant que technologie de communication (réseaux ; internet) et en tant que technologie de publication et d'édition (web).
D'une autre part, il évoque surtout un aspect culturel. Le terme ayant d'abord été utilisé en opposition à l'analogique, c'est-à-dire dans un langage technique, les nouvelles technologies liées au fait numérique ont complètement bouleversé non seulement les systèmes établis mais aussi les pratiques générales. Dans le champ de l’édition numérique, nous pensons notamment aux pratiques liées à notre rapport au savoir, à la circulation et la légitimation des contenus, ainsi qu'à leur diffusion. Aujourd'hui, le numérique ne se restreint plus au monde de la machine, il semble que l'on puisse désormais comprendre le terme numérique comme l'expression d'un phénomène culturel. Ce sont ces bouleversements des pratiques qui nous permettent de parler de culture numérique. On ne peut réduire la définition de ce terme en un ensemble d'outils puisqu'il ne se substitue pas à d'autres pratiques, mais en crée de nouvelles. « Il [l'outil numérique] modifie notre façon d’être au monde mais aussi notre « nature », car il change notre façon de comprendre, notre façon de gérer l’attention, notre façon de penser, notre perception du temps, de l’ennui et ainsi de suite »[1].
De plus, à la lumière de la théorie du support, le numérique introduit des nouvelles formes de pensée au sens où un changement de la nature du texte, autrement dit du support, entraine du même coup une réflexion sur celui-ci mais aussi de nouvelles possibilités d'interprétations.
Format et support
Le grand danger du processus de numérisation est de laisser penser qu’un texte est le même quelle que soit la forme de son support.[2]
A chaque étape du processus d'édition numérique, des choix sont faits. Or qu'il s'agisse d'ajouter, d'ôter ou de simplement modifier le texte source, ces actions ont des répercussions sur la matière d'origine, sur sa forme bien entendu mais parfois également sur sa sémantique. Les étapes de formalisation orientent les interprétations futures du texte, les décisions prises lors de ces étapes peuvent limiter ou ouvrir l'objet textuel et émanent déjà d'une lecture particulière. Il s'avère donc que les considérations exprimées avant même le début du processus de numérisation d'un objet textuel vont déterminer la forme à venir. C'est pourquoi les étapes de conceptualisation et de réflexion sont primordiales : il ne s'agit pas seulement de se poser la question du format numérique mais celle en amont du format en général (voir à ce titre la théorie du support qui est une possibilité de considération du support).
Ainsi, si la numérisation ouvre des possibilités d'interprétation tout au long du processus d'édition numérique, celle-ci n'est pas neutre. D'ailleurs, les conditions d'interprétation ne sont pas les mêmes pour les textes numérisés et pour ceux nativement numériques, de même que les enjeux liés à ces pratiques.
Vers un Humanisme numérique
Le développement des supports et des méthodes d'appréhension et de travail des matières textuelles de base ont amené la réflexion du monde de l'édition numérique à penser les modèles présents, les habitus établis et les modes d'appropriation persistants, et à approfondir ou complexifier les considérations et aspects théoriques d'une culture ayant émané du monde numérique, à savoir la culture numérique, et à aborder des questions de médiation des documents du monde textuel au monde numérique. Dans le cadre d'une telle réflexion, il est apparu que des questions de déontologie et des réflexions sur le lien entre Herméneutique et numérique devaient être posées en amont du traitement du texte afin d'éviter les écarts, les affronts ou les manques vis-à-vis de la matière d'origine. L'édition numérique ne doit donc pas être conçue comme le pur travail d'une matière mais comme le questionnement simultané de la matière source et des outils à disposition menant à un équilibre des deux pôles. Les études dialectiques réalisées autour de l'édition numérique ont donc peu à peu conduit à mettre l'accent sur une pensée réflexive de l'édition numérique sur elle-même et donc à réfléchir sur l'expression d'"humanisme numérique" [3].
Lectures complémentaires
- Bruno Bachimont, Ingénierie des connaissances et des contenus : le numérique entre ontologies et documents, Paris : Hermès : Lavoisier, 2007, Modèle:ISBN
- Bruno Bachimont, Le sens de la technique : le numérique et le calcul, Encres Marines : Les belles lettres, 2010, Modèle:ISBN
- Jack Goody (trad. Jean Bazin et Alban Bensa), La Raison graphique, Paris, Les Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun», 1979, Modèle:ISBN
- Jean-Guy Meunier, « Le texte numérique : enjeux herméneutiques », not published, 2017
- Marcello Vitali-Rosati, « Pour une définition du “numérique” ». Dans Pratiques de l’édition numérique. Sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, p.63–75. Parcours Numériques. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014. http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/pour-une-definition-du-numerique.
Notes et références
- ↑ Vitali-Rosati, Marcello, « Pratiques de l’édition numérique», 2014, Chapitre 4
- ↑ Jablonka, Yvan. «Le livre: son passé, son avenir» http://www.laviedesidees.fr/Le-livre-son-passe-son-avenir.html
- ↑ Voir à ce propos, l'ouvrage de Milad Doueihi, "Pour un humanisme numérique".