Désintermédiation : Différence entre versions

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La désintermédiation est un terme issu du vocabulaire économique qui qualifie la rupture des modes traditionnels de conception, production et commercialisation. Il caractérise le passage d'une économique linéaire (possesseur du bien - conseiller/vendeur - acheteur, pour donner un exemple d'une chaîne économique particulièrement simple) à une économie en réseau. Ce terme désigne un phénomène devenu monnaie courante avec le web, espace dans lequel l'institutionnalisation d'intermédiaires qui peuvent paraître superflu n'est plus respectée. Si un agent médiateur existe, celui-ci peut aisément être supprimé de la chaîne économique, puisque l'économie en réseau permet de se dispenser de ces agents qui complexifient la transmission de l'information ou du produit (dans certains cas). De plus, cet éclatement, en plus de supprimer les intermédiaires, soumet ces derniers à une concurrence toujours renouvelée : "Tout acteur, en définitive, peut à tout moment être concurrencé par un autre acteur dans une économie en réseau"<ref>http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000381.pdf</ref>
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La désintermédiation affecte grandement le monde de l'édition depuis la transformation numérique. Depuis le début des années 90, au moins, le secteur de l’édition subit une série de changements qui perturbent sévèrement le statut et le fonctionnement des intervenants du secteur qu’ils soient éditeurs, concepteurs, imprimeurs, diffuseurs, distributeurs, etc. Ces changements remodèlent le secteur, modifient les rôles traditionnels, amènent de nouveaux intervenants et induisent de nouvelles manières de faire. La désintermédiation du microcosme de l’édition est un processus qui pour l’instant, tend à s’accélérer et où de nombreux facteur interviennent de manière différente.
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Le terme, désintermédiation, est issu du vocabulaire économique. Il qualifie la rupture des modes traditionnels de conception, de production et de commercialisation. C'est le passage d'une économique linéaire, où le bien passe de son possesseur d'origine à un vendeur puis à l'acheteur, à une '''économie en réseau''', provoquée par la popularité d'Internet. Avec le [[Web]], des intermédiaires qui étaient jusqu'à récemment institutionnalisés, paraissent maintenant superflus et ne sont plus respectés.
  
=Quelques facteurs de la désintermédiation dans l'édition numérique=
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Si un agent médiateur existe, il devient possible de le supprimer de la chaîne économique, puisque l'économie en réseau permet de se dispenser des agents qui complexifient la transmission de l'information ou du produit. Cet éclatement, en plus de '''supprimer les intermédiaires''', soumet ces derniers à une concurrence toujours renouvelée : "Tout acteur, en définitive, peut à tout moment être concurrencé par un autre acteur dans une [[économie en réseau]]" <ref>http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000381.pdf</ref>. Ce phénomène est une conséquence directe de l'évolution de la [[chaîne éditoriale]] et des impacts du numériques sur cette dernière ainsi que des [https://fr.wikipedia.org/wiki/Workflow workflows] éditoriaux qui viennent peu à peu remplacer l'ancien mode opératoire éditorial basé en grande partie sur l'outil logiciel.
  
==Les pirates==
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=Appliquée à l'édition numérique=
  
L’idée du pirate comme facteur de nuisance et/ou de perturbation dans l’univers du livre est éventuellement à repenser dans la mesure où les DRM [https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_droits_num%C3%A9riques](GND en français) semblent jouer
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Dans le secteur de l'[[édition électronique]], voire numérique, la désintermédiation fait référence à "la pure et simple disparition de l'intermédiaire éditorial dans le circuit de diffusion de l'information" expliquent Pierre Mounier et Marin Dacos.<ref>Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, pp. 47-55.</ref>
un grand rôle dans la piraterie, notamment en limitant sévèrement les droits des lecteurs. Légalement, ces derniers ne sont que « locataires » de leur exemplaire numérique; ils
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Ils rapportent que toute position intermédiaire entre le producteur (auteur) et le consommateur (lecteur) serait obsolète en raison de '''phénomènes''' tels que:
ne détiennent en effet qu’une licence qui leur donne le droit de lire. Sans plus.
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* l'ouverture d'archives dans le domaine scientifique
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* les plates-formes du Web 2.0 pour la production culturelle grand public
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* l'émergence des pro-am (c'est-à-dire les professionnels amateurs)<ref>Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, p. 47.</ref>
  
Les études et les expériences réalisées tant par des universités que de grands ensembles de publication démontrent que l'absence de DRM tend à limiter fortement sinon à faire  
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La désintermédiation perturbe le monde de l'édition depuis la transformation numérique. Depuis le début des années 90, au moins, le secteur de l’édition subit une série de changements qui troublent le statut et le fonctionnement des intervenants du secteur. Qu’ils soient éditeurs, concepteurs, imprimeurs, diffuseurs, distributeurs, etc., ils se questionnent sur leur rôle. Ces changements remodèlent le secteur, modifient l'édition traditionnelle, amènent de nouveaux intervenants et induisent de nouvelles manières de faire. La désintermédiation du microcosme de l’édition est un processus qui pour l’instant, tend à s’accélérer et où de nombreux facteurs interviennent de manière différente.
quasiment disparaitre la piraterie. De sorte que l’on peut légitimement se demander si le phénomène de piratage en est un auto-infligé.
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Quelques analyses sur le sujet:
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En témoigne la popularité des fameux '''blogs''', ces espaces hautement représentatifs de la désintermédiation qui sont à la fois critiqués et convoités par les grandes entreprises de presse en raison, entre autres, du phénomène d'[[économie de l'attention]] qui incitent la presse à améliorer le lien entre les journalistes et le lectorat.<ref>Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, pp. 47-55.</ref>
[https://the-digital-reader.com/2016/03/16/you-dont-own-drmed-ebooks-part-gazillion]
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[http://teleread.com/consumers-believe-they-have-more-rights-than-they-really-do-in-digital-media]
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=Éléments de désintermédiation en édition numérique=
  
[hiltmon.com/blog/2012/10/15/walled-gardens-are-permeable]
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==Les pirates==
  
[http://www.ccsp.sfu.ca/2013/01/inside-the-walled-gardens-of-electronic-reading]
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L’idée du pirate comme facteur de nuisance et/ou de perturbation dans l’univers du livre est éventuellement à repenser dans la mesure où les ''digital rights management'', DRM <ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_droits_num%C3%A9riques</ref>, ou gestion numérique des droits (GND) en français, semblent jouer un grand rôle dans la piraterie, notamment en limitant sévèrement les droits des lecteurs.  Légalement, ces derniers ne sont que «locataires» de leur exemplaire numérique; ils ne détiennent qu’une licence qui leur donne le droit de lire, sans plus. 
  
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Les études et les expériences réalisées tant par des universités que de grands ensembles de publication démontrent que l'absence de DRM tend à limiter fortement sinon à faire quasiment disparaitre la piraterie. De sorte que l’on peut légitimement se demander si le phénomène de piratage s'est auto-infligé.
  
Cette étude des universités Duke et Rice parue en 2011 démontre que l’utilisation des DRM réduit les ventes et que la suppression de ces verrous numériques diminue la piraterie:
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==Les ténors technologiques==
[http://www.sciencedaily.com/releases/2011/10/111007113944.htm]
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Une analyse sur le blogue Futurebook  va dans le même sens : les verrous numériques nuisent d’abord aux utilisateurs honnêtes.
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[http://futurebook.net/content/more-drm]
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Les ventes de l’éditeur techno O’Reilly ont augmenté de 104% dans les 18 mois suivant son abandon des DRM :
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http://boingboing.net/2010/01/22/oreilly-drops-ebook.html.
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Autres articles et analyses :
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[https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/supprimer-un-drm-pour-sauvegarder-un-livre-n-est-pas-de-la-contrefacon/52882]
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[https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/les-mefaits-des-drm-il-faudra-que-le-gouvernement-americain-les-comprenne/64239]
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[https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/le-drm-favorise-le-monopole-des-gafa-que-l-edition-se-targue-de-combattre/67210]
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==Amazon et les ténors technologiques==
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Amazon, Apple et Google sont théoriquement loin des champs d’action de l’édition. Mais en centralisant et en contrôlant l'accès des usagers à leurs plateformes technologiques, ils sont devenus des acteurs incontournables de la diffusion et même de la création.
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Amazon par exemple a maintenant ses propres auteurs.
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Voici une analyse sur les principaux nouveaux intervenants dans la distribution et la vente du ebook :
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(Amazon, Apple, Kobo, etc.) :
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[http://authorearnings.com/2016-digital-book-world-presentation]
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Voici Une démonstration chiffrée de la place prise par les  intervenants non-traditionnels dans la chaine du livre :
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Amazon, Apple et Google semblaient loin des champs d’action de l’édition. Mais en centralisant et en contrôlant l'accès des usagers à leurs plateformes technologiques, ils sont devenus des acteurs incontournables de la diffusion et même de la création.
[http://authorearnings.com/report/dbw2017]
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Amazon, par exemple, a maintenant ses propres auteurs.
  
 
==L'autopublication==
 
==L'autopublication==
  
L’autopublication, souvent passée sous le radar comme un phénomène marginal, s’est révélée au fil des analyses statistiques comme un vecteur de perturbation majeur du milieu de l‘édition :
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L’autopublication, souvent passée sous le radar comme un phénomène marginal, s’est révélée au fil des analyses statistiques comme un vecteur de perturbation majeur du milieu de l‘édition <ref>http://authorearnings.com/report/print-vs-digital-report</ref>. Les ventes de livres d’auteurs autopubliés sur Amazon dépassent maintenant celles des éditeurs traditionnels.  Les ventes des ''Big Five Trade Book Publishers'', composés de: Hachette Book Group, HarperCollins, Macmillan Publishers, Penguin Random House et Simon and Schuster<ref>http://authorearnings.com/2016-digital-book-world-presentation</ref>, sont maintenent dépassés par l'autopublication.
[http://authorearnings.com/report/print-vs-digital-report]
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Les ventes de livres d’auteurs autopubliés sur Amazon dépassent maintenant celles des éditeurs traditionnels, incluant celles du Big Five : [http://authorearnings.com/2016-digital-book-world-presentation]
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L’absence d’intérêt et d’instruments de mesure de l’autopublication chez les intervenants traditionnels de l’édition font en sorte que d’importants phénomènes d’édition passent sous le radar <ref>https://the-digital-reader.com/2016/07/16/romance-makes-up-4-of-print-but-45-of-ebook-sales</ref>. En témoigne cette analyse sur [http://www.idboox.com/economie-du-livre/lautoedition-papier-et-numerique-en-hausse-aux-usa l'autoédition].
Une autre analyse similaire : [http://www.idboox.com/economie-du-livre/lautoedition-papier-et-numerique-en-hausse-aux-usa]
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L’absence d’intérêt et d’instruments de mesure de l’autopublication chez les intervenants traditionnels de l’édition font en sorte que d’importants phénomènes d’édition passent sous le radar :
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[https://the-digital-reader.com/2016/07/16/romance-makes-up-4-of-print-but-45-of-ebook-sales]
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==Le socio-financement==
 
==Le socio-financement==
  
Autant vecteur que symptôme des perturbations, les nouvelles sources de financement qui remplacent l’éditeur et qui deviennent également une plateforme de lancement/diffusion élargissent leur influence : par exemple Kickstarter est devenue la 4ème plateforme d’édition en importance au monde [http://bit.ly/2c8tyWn].
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Autant vecteur que symptôme des perturbations, les nouvelles sources de financement qui remplacent l’éditeur et qui deviennent également une plateforme de lancement/diffusion élargissent leur influence : par exemple Kickstarter est devenue la 4ème plateforme d’édition en importance au monde <ref>http://bit.ly/2c8tyWn</ref>.
  
 
Les autres plateformes de socio-financement : IndieGogo, KissKissBankBank, etc., produisent également des livres. Le verbe ''publier'' est difficile à utiliser dans de tels cas car il véhicule toute une dimension figée du monde de l'édition qui n'est pas celui des plateformes de socio-financement.  
 
Les autres plateformes de socio-financement : IndieGogo, KissKissBankBank, etc., produisent également des livres. Le verbe ''publier'' est difficile à utiliser dans de tels cas car il véhicule toute une dimension figée du monde de l'édition qui n'est pas celui des plateformes de socio-financement.  
 
   
 
   
Il existe maintenant des plateformes de socio-financement où les auteurs peuvent faire financer non plus leur livre mais leur activité d’écriture au mois : [http://www.adweek.com/galleycat/what-writers-need-to-know-about-patreon/126596].
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Il existe maintenant des plateformes de socio-financement, telle que [http://www.adweek.com/galleycat/what-writers-need-to-know-about-patreon/126596 patreon], où les auteurs peuvent faire financer non plus leur livre mais leur activité d’écriture au mois.
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==Nouvelles formes de création==
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Elles deviennent en même temps de nouvelles formes d’édition et de diffusion :
  
==Autres==
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*'''Le twaiku''' : Twitter comme véhicule : éditeur / diffuseur du micro-poème :
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[http://micropoetry.com/twaiku micropoetry]
  
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*'''Fan Fiction''' : la Fan Fiction est une nouvelle forme de création-diffusion (ex : 50 Shades of Grey)
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avec un très large impact <ref>https://en.wikipedia.org/wiki/Fan_fiction</ref>.
  
=Bibliographie=
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=Notes et références=

Version actuelle en date du 7 décembre 2017 à 17:03

Définition

Le terme, désintermédiation, est issu du vocabulaire économique. Il qualifie la rupture des modes traditionnels de conception, de production et de commercialisation. C'est le passage d'une économique linéaire, où le bien passe de son possesseur d'origine à un vendeur puis à l'acheteur, à une économie en réseau, provoquée par la popularité d'Internet. Avec le Web, des intermédiaires qui étaient jusqu'à récemment institutionnalisés, paraissent maintenant superflus et ne sont plus respectés.

Si un agent médiateur existe, il devient possible de le supprimer de la chaîne économique, puisque l'économie en réseau permet de se dispenser des agents qui complexifient la transmission de l'information ou du produit. Cet éclatement, en plus de supprimer les intermédiaires, soumet ces derniers à une concurrence toujours renouvelée : "Tout acteur, en définitive, peut à tout moment être concurrencé par un autre acteur dans une économie en réseau" [1]. Ce phénomène est une conséquence directe de l'évolution de la chaîne éditoriale et des impacts du numériques sur cette dernière ainsi que des workflows éditoriaux qui viennent peu à peu remplacer l'ancien mode opératoire éditorial basé en grande partie sur l'outil logiciel.

Appliquée à l'édition numérique

Dans le secteur de l'édition électronique, voire numérique, la désintermédiation fait référence à "la pure et simple disparition de l'intermédiaire éditorial dans le circuit de diffusion de l'information" expliquent Pierre Mounier et Marin Dacos.[2] Ils rapportent que toute position intermédiaire entre le producteur (auteur) et le consommateur (lecteur) serait obsolète en raison de phénomènes tels que:

  • l'ouverture d'archives dans le domaine scientifique
  • les plates-formes du Web 2.0 pour la production culturelle grand public
  • l'émergence des pro-am (c'est-à-dire les professionnels amateurs)[3]

La désintermédiation perturbe le monde de l'édition depuis la transformation numérique. Depuis le début des années 90, au moins, le secteur de l’édition subit une série de changements qui troublent le statut et le fonctionnement des intervenants du secteur. Qu’ils soient éditeurs, concepteurs, imprimeurs, diffuseurs, distributeurs, etc., ils se questionnent sur leur rôle. Ces changements remodèlent le secteur, modifient l'édition traditionnelle, amènent de nouveaux intervenants et induisent de nouvelles manières de faire. La désintermédiation du microcosme de l’édition est un processus qui pour l’instant, tend à s’accélérer et où de nombreux facteurs interviennent de manière différente.

En témoigne la popularité des fameux blogs, ces espaces hautement représentatifs de la désintermédiation qui sont à la fois critiqués et convoités par les grandes entreprises de presse en raison, entre autres, du phénomène d'économie de l'attention qui incitent la presse à améliorer le lien entre les journalistes et le lectorat.[4]

Éléments de désintermédiation en édition numérique

Les pirates

L’idée du pirate comme facteur de nuisance et/ou de perturbation dans l’univers du livre est éventuellement à repenser dans la mesure où les digital rights management, DRM [5], ou gestion numérique des droits (GND) en français, semblent jouer un grand rôle dans la piraterie, notamment en limitant sévèrement les droits des lecteurs. Légalement, ces derniers ne sont que «locataires» de leur exemplaire numérique; ils ne détiennent qu’une licence qui leur donne le droit de lire, sans plus.

Les études et les expériences réalisées tant par des universités que de grands ensembles de publication démontrent que l'absence de DRM tend à limiter fortement sinon à faire quasiment disparaitre la piraterie. De sorte que l’on peut légitimement se demander si le phénomène de piratage s'est auto-infligé.

Les ténors technologiques

Amazon, Apple et Google semblaient loin des champs d’action de l’édition. Mais en centralisant et en contrôlant l'accès des usagers à leurs plateformes technologiques, ils sont devenus des acteurs incontournables de la diffusion et même de la création. Amazon, par exemple, a maintenant ses propres auteurs.

L'autopublication

L’autopublication, souvent passée sous le radar comme un phénomène marginal, s’est révélée au fil des analyses statistiques comme un vecteur de perturbation majeur du milieu de l‘édition [6]. Les ventes de livres d’auteurs autopubliés sur Amazon dépassent maintenant celles des éditeurs traditionnels. Les ventes des Big Five Trade Book Publishers, composés de: Hachette Book Group, HarperCollins, Macmillan Publishers, Penguin Random House et Simon and Schuster[7], sont maintenent dépassés par l'autopublication.

L’absence d’intérêt et d’instruments de mesure de l’autopublication chez les intervenants traditionnels de l’édition font en sorte que d’importants phénomènes d’édition passent sous le radar [8]. En témoigne cette analyse sur l'autoédition.

Le socio-financement

Autant vecteur que symptôme des perturbations, les nouvelles sources de financement qui remplacent l’éditeur et qui deviennent également une plateforme de lancement/diffusion élargissent leur influence : par exemple Kickstarter est devenue la 4ème plateforme d’édition en importance au monde [9].

Les autres plateformes de socio-financement : IndieGogo, KissKissBankBank, etc., produisent également des livres. Le verbe publier est difficile à utiliser dans de tels cas car il véhicule toute une dimension figée du monde de l'édition qui n'est pas celui des plateformes de socio-financement.

Il existe maintenant des plateformes de socio-financement, telle que patreon, où les auteurs peuvent faire financer non plus leur livre mais leur activité d’écriture au mois.

Nouvelles formes de création

Elles deviennent en même temps de nouvelles formes d’édition et de diffusion :

  • Le twaiku : Twitter comme véhicule : éditeur / diffuseur du micro-poème :

micropoetry

  • Fan Fiction : la Fan Fiction est une nouvelle forme de création-diffusion (ex : 50 Shades of Grey)

avec un très large impact [10].

Notes et références

  1. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000381.pdf
  2. Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, pp. 47-55.
  3. Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, p. 47.
  4. Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, pp. 47-55.
  5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_droits_num%C3%A9riques
  6. http://authorearnings.com/report/print-vs-digital-report
  7. http://authorearnings.com/2016-digital-book-world-presentation
  8. https://the-digital-reader.com/2016/07/16/romance-makes-up-4-of-print-but-45-of-ebook-sales
  9. http://bit.ly/2c8tyWn
  10. https://en.wikipedia.org/wiki/Fan_fiction