Continuité et Rupture : Différence entre versions

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Le fait que l’édition numérique puisse être liée à un ''open access'' ne change pas radicalement le fonctionnement de découverte et de lecture du contenu du livre: le visiteur du web peut certes avoir accès au contenu ou à un extrait d’un ouvrage de la même manière qu’il pouvait avoir accès aux mêmes modalités via une librairie ou une bibliothèque.<br>
 
Le fait que l’édition numérique puisse être liée à un ''open access'' ne change pas radicalement le fonctionnement de découverte et de lecture du contenu du livre: le visiteur du web peut certes avoir accès au contenu ou à un extrait d’un ouvrage de la même manière qu’il pouvait avoir accès aux mêmes modalités via une librairie ou une bibliothèque.<br>
 
   
 
   
Sur les droits d’auteur et l’''open access'', le terme open signifie « ouvert », et non « libre ». Il implique donc que le texte d’un article en « open access » est ouvert en lecture, sans barrière juridique, technique ou commerciale. Mais il ne dit rien des possibilités de réutilisation du document. Par conséquent, stricto sensu, l’« open access » lève les barrières à l’accès et maintient toutes les protections du droit d’auteur sur les textes, ce qui signifie qu’ils ne peuvent être reproduits ou modifiés qu’après une autorisation explicite, dans le cadre d’un contrat de cession de droit<ref>Marin Dacos, “Préface à l’édition française”, in Suber Peter, Qu’est ce que l’accès ouvert?, OpeneditionPress, 2016, p. 7</ref>
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Sur les droits d’auteur et l’''open access'', le terme open signifie « ouvert », et non « libre ». Il implique donc que le texte d’un article en « open access » est ouvert en lecture, sans barrière juridique, technique ou commerciale. Mais il ne dit rien des possibilités de réutilisation du document. Par conséquent, stricto sensu, l’« open access » lève les barrières à l’accès et maintient toutes les protections du droit d’auteur sur les textes, ce qui signifie qu’ils ne peuvent être reproduits ou modifiés qu’après une autorisation explicite, dans le cadre d’un contrat de cession de droit<ref>Marin Dacos, “Préface à l’édition française”, in Suber Peter, Qu’est ce que l’accès ouvert?, OpeneditionPress, 2016, p. 7</ref>. <br>
 
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Version du 20 septembre 2017 à 13:06


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Continuité

Les nouvelles pratiques éditoriales qu'ont engendré l'apparition du web et de l'internet ont, au fil des années, crée plusieurs débats quant à la continuité et/ou la rupture qui s'effectuerait dans le milieu de l'édition. Deux écoles de pensée en découlent : l'une tentant de défendre que le texte numérique s'inscrit dans une suite de renouvellements, l'autre affirmant qu'une réelle révolution s'effectue dans le milieu de l'édition avec le virage numérique. Différentes approches seront donc exposées ici, ainsi que les enjeux qu'elles comportent. Au fil du temps, plusieurs innovations ont su renouveler le monde de l’édition. Des éléments tels que l’apparition de nouveaux formats comme le codex ou l’arrivée de nouvelles méthodes comme l’imprimerie ont su transformer la conception du livre. Pourtant, c’est dans un esprit d’adaptation que les différentes avancées technologiques ont été incorporées au processus éditorial. P.7

En ce sens, c’est à travers l’implantation de technologies électroniques dans plusieurs domaines, dont celui de l’édition, que le numérique a pris ses racines. Ainsi, l’édition numérique serait le résultat d’une vision d’adaptation et d’intégration d’éléments technologiques qui s’inscrit dans une évolution dynamique et continue des connaissances[1].

Principe d'édition


Certains principes d’édition semblent immuables qu’il s’agisse d’un format papier ou d’un format numérique.

Changements, mais pas de rupture : ex, les bibliothèque ont été influencé par l’édition numérique, mais n’ont pas disparu, ni cessé de poursuivre leur fonction primaire. Les livres numériques présentent généralement des aspects qui s'avèrent être issus d’habitudes de lecture ou d’édition d’ouvrages en format papier. Certains e-books par exemple proposent une navigation "page par page", allant même jusqu’à prévoir un son lors du défilement des pages numériques pour retranscrire encore un peu plus en conformité l'expérience de lecture. Le format même du e-book retranscrit le format rectangulaire du livre papier commun.

De plus, l’édition numérique s’inspire de l’édition papier en adaptant la lecture à un cadre déconstruit. Ainsi, de nombreux codes propres à une mise en page d’édition classique peuvent être observés. Par exemple, des normes telles que la pagination et les titres sont intégrées à certains supports numériques. Par ailleurs, une influence plus subtile réside dans la présentation visuelle d’un contenu numérique. En effet, le déroulement du texte sur un écran rappelle la lecture sur rouleau qui a été développée dans l’Antiquité[2].

Open Access

Le fait que l’édition numérique puisse être liée à un open access ne change pas radicalement le fonctionnement de découverte et de lecture du contenu du livre: le visiteur du web peut certes avoir accès au contenu ou à un extrait d’un ouvrage de la même manière qu’il pouvait avoir accès aux mêmes modalités via une librairie ou une bibliothèque.

Sur les droits d’auteur et l’open access, le terme open signifie « ouvert », et non « libre ». Il implique donc que le texte d’un article en « open access » est ouvert en lecture, sans barrière juridique, technique ou commerciale. Mais il ne dit rien des possibilités de réutilisation du document. Par conséquent, stricto sensu, l’« open access » lève les barrières à l’accès et maintient toutes les protections du droit d’auteur sur les textes, ce qui signifie qu’ils ne peuvent être reproduits ou modifiés qu’après une autorisation explicite, dans le cadre d’un contrat de cession de droit[3].

Rupture


Le passage au numérique provoque une réinterprétation du texte écrit. Les limites du livre physique se fondent dans le monde numérique engendrant de nouvelles méthodes de communication. Pour certains, ces changements peuvent être angoissants[4]. Certains de ces malaises peuvent être abordés sous un angle de ruptures variées se rattachant autant aux pratiques économiques, qu'aux processus cognitifs[5]. La communication écrite étant étroitement liée aux processus cognitifs utilisés dans la lecture et l'interprétation des mots, il n'est pas surprenant qu'un nouveau médium écrit enchaîne un questionnement profond[6].

Démocratisation du texte

La démocratisation du texte est un concept nouveau rattaché à un mouvement de « désintermédiation »[7].
Alors que le texte numérique est dynamique, accessible en temps réel à travers le web, l'écosystème éditorial traditionnel, lui, est statique. Si dans le modèle d'édition traditionnel le choix des contenus peut s'avérer long et la publication elle-même demande un support technique considérable, le texte numérique s'affranchit de ces délais.

Par la désintermédiation, il y a disparition de l'intermédiaire éditorial dans le circuit de diffusion de l'information. Ainsi, l'auteur peut s'approprier le rôle de l'intermédiaire éditorial. Ce sentiment, non pas nouveau, était difficile à exécuter dans le passé. Aujourd'hui, avec les plates-formes du Web 2.0 et l'accessibilité[8], le lecteur devient un élément participatif, mais aussi un outil de légitimation.

Édition en temps réel

J'édite donc je publie.

En temps normal, une maison d'édition se définit par le succès des auteurs qu'elle chapeaute[9]. Avec le passage au numérique, le rôle de l'éditeur devient de plus en plus celui d'un entrepreneur. En rupture avec la sélection statique des textes et auteurs du passé, l'éditeur numérique travaille en temps réel.

Toujours en mouvement, la validité d'un texte numérique varie selon l'humeur du lectorat. Les plates-formes d'édition en temps réel comme le web ou encore un wiki permettent à l'éditeur de travailler sa sélection de textes de façon continue. À l'inverse des presses papier, le texte numérique est dynamique. Sans aucun besoin de réimpression, il est possible de le modifier ou encore de l'éliminer complètement.

Rôles de l'auteur, de l'éditeur et du lecteur

Alors que l'édition traditionnelle a établi des rôles spécifiques aux auteurs, aux éditeurs ainsi qu'aux lecteurs (malgré que la fonction du lecteur sera en partie remis en cause par les théories de la réception), l'arrivée du web 2.0 a bouleversée les fonctions de ces acteurs, en ce qui a trait notamment à la légitimation et la validation des contenus. 

Si la séparation des rôles était plutôt claire, le rôle de l'éditeur ayant trait à la mise en forme ainsi qu'à la part économique de l'oeuvre tandis que l'auteur s'attardait presque essentiellement au contenu, le numérique a brouillé les pistes de ces fonctions.

Si l’éditeur traditionnel « détermine la forme achevée [d’une oeuvre], la distribue et la fait connaître»[4], l’auteur d’aujourd’hui peut très bien remplir ces fonctions. L'édition numérique permet parfois à l'auteur de jouer plusieurs rôles dans la chaîne éditoriale. Il est donc possible de voir l'édition numérique comme un système qui sert directement les intérêts de l'auteur, particulièrement si ce dernier est son propre éditeur.

De plus, devant une surabondance de données, étroitement liée au phénomène de longue traine, le lecteur se voit contraint à trier l'information et ainsi distinguer la légitimité d’un contenu face à un autre. Si la légitimisation était une des principales fonctions de l’éditeur, elle se retrouve aujourd’hui à la fois du côté des lecteurs, mais aussi des géants de l’industrie culturelle comme Amazon qui mettent en place des « plates-formes incontournables dans la diffusion des œuvres et des idées»[4].

Ainsi, la place de l’éditeur numérique est une source de questionnement très contemporaine. Sa fonction serait-elle davantage, comme l’avance l’article de Mounier et Dacos, relatif à l’édition en réseau ? L’acte éditoriale, davantage axée sur l’écriture collaborative, adopterait alors une «fonction sociale d’animation de communauté et de gouvernance qui consiste à créer les dispositifs permettant aux individus d’apporter leur contribution»[4].

Éditorialisation

L'intermédia et (im)matérialité

L’avènement du numérique annonce la fin de l’unité documentaire et de la matérialité du texte. On observe la disparition de l’objet physique, partielle dans le cas des pratiques de numérisation et totale dans le cas de l’édition numérique. Si le lien était intrinsèque entre œuvre et objet physique, ce n’est plus du tout le cas avec l’avènement du numérique et cela consiste en une source de crainte pour certains qui voient ce changement comme une révolution : celle de l’immatérialité ou même de la virtualité.

Pourtant, c’est au milieu des années 1960 que Dick Higgins introduit la notion d’intermédia qui se caractérise par un affranchissement des arts à leur formes, ou médiums, traditionnelles. Ces œuvres dites intermédiales sont alors « des pratiques où s’opèrent une convergence entre plusieurs champs d’activités »[10]. Dans la lignée du postmodernisme, l’artiste américain, à travers la formation du groupe Fluxus qui touche aussi bien les arts visuels que la musique et la littérature, défend un décloisonnement des pratiques artistiques, qui est aujourd’hui connu comme une caractéristique notoire du postmodernisme. On y voit donc les prémisses d’une dématérialisation des arts, valorisant le processus au détriment de l’objet, à travers une remise en cause des médias, au sens pluriel de médium. Cette vision des médias sera récupérée par les stratégies de communication.

Ainsi, à partir du milieu de XXe siècle, des artistes comme Higgins entrevoient avant même l’arrivée massive d’internet et du web que les choses changent, qu’une conception figée des médias en art est à proscrire. Ce rejet de la matérialité n’est donc pas tout à fait une révolution associée à l’ère numérique, mais plutôt un effet du postmodernisme, renforcé par l’arrivée massive d’internet et du web.

Notes et références

  1. http://bbf.enssib.fr/revue-enssib/consulter/revue-2016-04-012
  2. Chartier, R. et Lebrun, J. « Le livre en révolutions », 1997, p.13.
  3. Marin Dacos, “Préface à l’édition française”, in Suber Peter, Qu’est ce que l’accès ouvert?, OpeneditionPress, 2016, p. 7
  4. 4,0, 4,1, 4,2 et 4,3 Dacos et Mounier, 2011, Communications. n°88 p.47
  5. Dacos et Mounier, 2011, Communications. n°88 p.51
  6. À ce sujet, Alain Mille souligne que « La naissance d’Internet, puis du web, a sans doute été le phénomène ayant déterminé le plus fort changement dans les modèles de production et de circulation des contenus. Ce ne sont pas tant les « nouvelles technologies » en général, mais le réseau en lui-même qui a bouleversé notre rapport à la connaissance »
  7. H. Le Crosnier, « Désintermédiation et démocratie », Multitudes, vol. 19, n° 5, 2004, p. 143-160.
  8. C. Leadbeater et P. Miller, The Pro-Am Revolution, Londres, Demos, 2004.
  9. Genêt, P. et Poirier, P. « Pratiques de l’édition numérique», Montréal, 2014, p. 15-25
  10. Lorraine Verner, « L’interdiscipline à l’œuvre dans l’art », Marges, 04 | 2005, 30-44.