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+ | De plus, à la lumière de la [[Théorie du support|théorie du support]], le numérique introduit des nouvelles formes de pensée au sens où un changement de la nature du texte, autrement dit du support, entraine du même coup une réflexion sur celui-ci mais aussi de nouvelles possibilités d'interprétations. | ||
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− | ''Le grand danger du processus de numérisation est de laisser penser qu’un texte est le même quelle que soit la forme de son support.''<ref> | + | ''Le grand danger du processus de numérisation est de laisser penser qu’un texte est le même quelle que soit la forme de son support.''<ref>JABLONKA, Yvan. «Le livre: son passé, son avenir», [http://www.laviedesidees.fr/Le-livre-son-passe-son-avenir.html http://www.laviedesidees.fr/Le-livre-son-passe-son-avenir.html]</ref><br/> |
− | A chaque étape du processus d'édition numérique, des choix sont faits. Or qu'il s'agisse d'ajouter, d'ôter ou de simplement modifier le texte source, ces actions ont des répercussions sur la matière d'origine, sur sa forme bien entendu mais parfois également sur sa sémantique. Les étapes de formalisation orientent les interprétations futures du texte, les décisions prises lors de ces étapes peuvent limiter ou ouvrir l'objet textuel et émanent déjà d'une lecture particulière. | + | A chaque étape du processus d'édition numérique, des choix sont faits. Or qu'il s'agisse d'ajouter, d'ôter ou de simplement modifier le texte source, ces actions ont des répercussions sur la matière d'origine, sur sa forme bien entendu mais parfois également sur sa sémantique. Les étapes de formalisation orientent les interprétations futures du texte, les décisions prises lors de ces étapes peuvent limiter ou ouvrir l'objet textuel et émanent déjà d'une lecture particulière. Il s'avère donc que les considérations exprimées avant même le début du processus de [[Numérisation|numérisation]] d'un objet textuel vont déterminer la forme à venir. C'est pourquoi les étapes de conceptualisation et de réflexion sont primordiales : il ne s'agit pas seulement de se poser la question du format numérique mais celle en amont du format en général (voir à ce titre la [[théorie du support]] qui est une possibilité de considération du support). Dépendant des supports offerts au lecteur, le format du texte peut changer. Ce format est en partie responsable de l'interprétation du texte mettant en relation [[Théorie du support|format et support]]. Ceux-ci ne communiquent pas toujours de la même façon et l'information transmise peut être changeante. L'information numérique dite native, comme la [[Les métadonnées et l'indexation|méta-donnée]], ne peut pas être interprétée par l’œil humain et doit être reconfigurée par la machine afin d'être lue. De plus, le lecteur machine peut communiquer directement avec un autre lecteur machine, comme un [[Protocoles|fureteur]] internet ou encore un téléviseur. |
− | + | Ainsi, si la [[Numérisation|numérisation]] ouvre des possibilités d'interprétation tout au long du processus d'édition numérique, celle-ci n'est pas neutre. D'ailleurs, les conditions d'interprétation ne sont pas les mêmes pour les textes numérisés et pour ceux nativement numériques, de même que les enjeux liés à ces pratiques. | |
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− | Le développement des supports et des méthodes d'appréhension et de travail des matières textuelles de base ont amené la réflexion du monde de l'édition numérique à penser les modèles présents, les habitus établis et les modes d'appropriation persistants. Dans le cadre d'une telle réflexion, il est apparu que des questions de déontologie et | + | Le développement des supports et des méthodes d'appréhension et de travail des matières textuelles de base ont amené la réflexion du monde de l'[[Édition numérique|édition numérique]] à penser les modèles présents, les habitus établis et les modes d'appropriation persistants, et à approfondir ou complexifier les considérations et aspects théoriques d'une culture ayant émané du monde numérique, à savoir la [[culture numérique]], et à aborder des questions de [[médiation]] des documents du monde textuel au monde numérique. Dans le cadre d'une telle réflexion, il est apparu que des questions de déontologie et des réflexions sur le lien entre [[Herméneutique et numérique]] devaient être posées en amont du traitement du texte afin d'éviter les écarts, les affronts ou les manques vis-à-vis de la matière d'origine. Ce questionnement est tout autant important, car il interroge la relation que nous avons avec la [[Lecture/écriture|lecture]] et chambarde la [[Chaîne éditoriale|chaîne éditoriale]]. Délimitant de nouvelles [[Fonction éditoriale|fonctions]] pour l'éditeur en réaction à ce tournant vers le numérique, la diffusion du savoir se fait de façon beaucoup plus fluide, mais opère de plus en plus dans une zone grise. Du [[Libre accès|libre accès]] au [[Open Source|open source]], passant par le [[Droit d'auteur|droit d'auteur]], nos connaissances technologiques redéfinissent notre relation avec le savoir. |
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+ | L'[[Édition numérique|édition numérique]] ne doit donc pas être conçue comme le pur travail d'une matière mais comme le questionnement simultané de la matière source et des outils à disposition menant à un équilibre des deux pôles. Les études dialectiques réalisées autour de l'[[Édition numérique|édition numérique]] ont donc peu à peu conduit à mettre l'accent sur une pensée réflexive de l'édition numérique sur elle-même et donc à réfléchir sur l'expression d'« humanisme numérique » <ref>DOUEIHI, Milad, ''Pour un humanisme numérique'', Paris : Éditions du Seuil, 2011, 177 p.</ref>. | ||
=Lectures complémentaires= | =Lectures complémentaires= | ||
− | * Bruno | + | * BACHIMONT, Bruno, ''Ingénierie des connaissances et des contenus : le numérique entre ontologies et documents'', Paris : Hermès : Lavoisier, 2007, {{ISBN| 978-2-7462-1369-2}} |
− | * Bruno | + | * BACHIMONT, Bruno, ''Le sens de la technique : le numérique et le calcul'', Encres Marines : Les belles lettres, 2010, {{ISBN| 978-2-35088-035-8}} |
− | *Jack | + | * GOODY, Jack, (trad. Jean Bazin et Alban Bensa), ''La Raison graphique'', Paris, Les Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun», 1979, {{ISBN| 9782707302403}} |
− | * Jean-Guy | + | * MEUNIER, Jean-Guy, « Le texte numérique : enjeux herméneutiques », not published, 2017 |
− | * Marcello | + | * VITALI-ROSATI, Marcello, « Pour une définition du “numérique” ». Dans ''Pratiques de l’édition numérique''. Sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, p.63–75. Parcours Numériques. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014. Disponible en ligne: [http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/pour-une-definition-du-numerique http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/pour-une-definition-du-numerique.]. |
=Notes et références= | =Notes et références= |
Version actuelle en date du 20 décembre 2017 à 23:05
Sommaire
La carte de connaissances
Lien vers la carte de connaissances.
Notions:
- Théorie du support (A)
- Texte numérique (A)
- Discrétisation (A)
- Médiation (C)
- Culture numérique (C)
- Herméneutique et numérique (à revoir; l'interprétation dh txt num.) (C)
Définition du numérique
Le terme numérique peut se concevoir de deux façons distinctes. D'une part, dans le langage courant, il est généralement associé à un traitement technologique, que nous regroupons sous trois aspects : en tant que technologie de calcul (conjonction de calcul ; discrétisation), en tant que technologie de communication (réseaux ; internet) et en tant que technologie de publication et d'édition (web).
D'une autre part, il évoque surtout un aspect culturel. Le terme ayant d'abord été utilisé en opposition à l'analogique, c'est-à-dire dans un langage technique, les nouvelles technologies liées au fait numérique ont complètement bouleversé non seulement les systèmes établis mais aussi les pratiques générales. Dans le champ de l’édition numérique, nous pensons notamment aux pratiques liées à notre rapport au savoir, à la circulation et la légitimation des contenus, ainsi qu'à leur diffusion. Aujourd'hui, le numérique ne se restreint plus au monde de la machine, il semble que l'on puisse désormais comprendre le terme numérique comme l'expression d'un phénomène culturel. Ce sont ces bouleversements des pratiques qui nous permettent de parler de culture numérique. On ne peut réduire la définition de ce terme en un ensemble d'outils puisqu'il ne se substitue pas à d'autres pratiques, mais en crée de nouvelles. « Il [l'outil numérique] modifie notre façon d’être au monde mais aussi notre « nature », car il change notre façon de comprendre, notre façon de gérer l’attention, notre façon de penser, notre perception du temps, de l’ennui et ainsi de suite »[1].
De plus, à la lumière de la théorie du support, le numérique introduit des nouvelles formes de pensée au sens où un changement de la nature du texte, autrement dit du support, entraine du même coup une réflexion sur celui-ci mais aussi de nouvelles possibilités d'interprétations.
Format et support
Le grand danger du processus de numérisation est de laisser penser qu’un texte est le même quelle que soit la forme de son support.[2]
A chaque étape du processus d'édition numérique, des choix sont faits. Or qu'il s'agisse d'ajouter, d'ôter ou de simplement modifier le texte source, ces actions ont des répercussions sur la matière d'origine, sur sa forme bien entendu mais parfois également sur sa sémantique. Les étapes de formalisation orientent les interprétations futures du texte, les décisions prises lors de ces étapes peuvent limiter ou ouvrir l'objet textuel et émanent déjà d'une lecture particulière. Il s'avère donc que les considérations exprimées avant même le début du processus de numérisation d'un objet textuel vont déterminer la forme à venir. C'est pourquoi les étapes de conceptualisation et de réflexion sont primordiales : il ne s'agit pas seulement de se poser la question du format numérique mais celle en amont du format en général (voir à ce titre la théorie du support qui est une possibilité de considération du support). Dépendant des supports offerts au lecteur, le format du texte peut changer. Ce format est en partie responsable de l'interprétation du texte mettant en relation format et support. Ceux-ci ne communiquent pas toujours de la même façon et l'information transmise peut être changeante. L'information numérique dite native, comme la méta-donnée, ne peut pas être interprétée par l’œil humain et doit être reconfigurée par la machine afin d'être lue. De plus, le lecteur machine peut communiquer directement avec un autre lecteur machine, comme un fureteur internet ou encore un téléviseur.
Ainsi, si la numérisation ouvre des possibilités d'interprétation tout au long du processus d'édition numérique, celle-ci n'est pas neutre. D'ailleurs, les conditions d'interprétation ne sont pas les mêmes pour les textes numérisés et pour ceux nativement numériques, de même que les enjeux liés à ces pratiques.
Vers un Humanisme numérique
Le développement des supports et des méthodes d'appréhension et de travail des matières textuelles de base ont amené la réflexion du monde de l'édition numérique à penser les modèles présents, les habitus établis et les modes d'appropriation persistants, et à approfondir ou complexifier les considérations et aspects théoriques d'une culture ayant émané du monde numérique, à savoir la culture numérique, et à aborder des questions de médiation des documents du monde textuel au monde numérique. Dans le cadre d'une telle réflexion, il est apparu que des questions de déontologie et des réflexions sur le lien entre Herméneutique et numérique devaient être posées en amont du traitement du texte afin d'éviter les écarts, les affronts ou les manques vis-à-vis de la matière d'origine. Ce questionnement est tout autant important, car il interroge la relation que nous avons avec la lecture et chambarde la chaîne éditoriale. Délimitant de nouvelles fonctions pour l'éditeur en réaction à ce tournant vers le numérique, la diffusion du savoir se fait de façon beaucoup plus fluide, mais opère de plus en plus dans une zone grise. Du libre accès au open source, passant par le droit d'auteur, nos connaissances technologiques redéfinissent notre relation avec le savoir.
L'édition numérique ne doit donc pas être conçue comme le pur travail d'une matière mais comme le questionnement simultané de la matière source et des outils à disposition menant à un équilibre des deux pôles. Les études dialectiques réalisées autour de l'édition numérique ont donc peu à peu conduit à mettre l'accent sur une pensée réflexive de l'édition numérique sur elle-même et donc à réfléchir sur l'expression d'« humanisme numérique » [3].
Lectures complémentaires
- BACHIMONT, Bruno, Ingénierie des connaissances et des contenus : le numérique entre ontologies et documents, Paris : Hermès : Lavoisier, 2007, Modèle:ISBN
- BACHIMONT, Bruno, Le sens de la technique : le numérique et le calcul, Encres Marines : Les belles lettres, 2010, Modèle:ISBN
- GOODY, Jack, (trad. Jean Bazin et Alban Bensa), La Raison graphique, Paris, Les Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun», 1979, Modèle:ISBN
- MEUNIER, Jean-Guy, « Le texte numérique : enjeux herméneutiques », not published, 2017
- VITALI-ROSATI, Marcello, « Pour une définition du “numérique” ». Dans Pratiques de l’édition numérique. Sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, p.63–75. Parcours Numériques. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014. Disponible en ligne: http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/pour-une-definition-du-numerique..
Notes et références
- ↑ VITALI-ROSATI, Marcello, « Pour une définition du “numérique” », Pratiques de l’édition numérique, sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014, Parcours Numériques, p. 63–75, Disponible en ligne : http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/pour-une-definition-du-numerique.
- ↑ JABLONKA, Yvan. «Le livre: son passé, son avenir», http://www.laviedesidees.fr/Le-livre-son-passe-son-avenir.html
- ↑ DOUEIHI, Milad, Pour un humanisme numérique, Paris : Éditions du Seuil, 2011, 177 p.