Grande conversation scientifique : Différence entre versions

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==Définition==
 
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L'idée de grande conversation scientifique est un idéal de la communication scientifique optimale, conceptualisé notamment par Jean-Claude Guédon, enseignant et chercheur à l'Université de Montréal, et militant du libre accès.
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La grande conversation scientifique est un idéal de la communication scientifique optimale, conceptualisé notamment par Jean-Claude Guédon, enseignant et chercheur à l'Université de Montréal, et militant du libre accès. La capacité d'échanger, de communiquer entre savants, le fait de partager découvertes, études, résultats est crucial au développement de la science et de la technologie. Un travail scientifique ne vaut que s'il est confronté aux critiques des pairs, aux évaluations qui permettent de confirmer, de relativiser, d'enrichir ou de démentir les résultats. C'est ainsi que la science progresse, construite sur la base de travaux antérieurs.
 
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Selon lui, la capacité d'échanger, de communiquer entre savants, le fait de partager découvertes, études, résultats est crucial au développement de la science et de la technologie. Un travail scientifique ne vaut que s'il est confronté aux critiques des pairs, aux évaluations qui permettent de confirmer, de relativiser, d'enrichir ou de démentir les résultats. C'est ainsi que la science progresse, construite sur la base de travaux antérieurs.
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La valeur est dans la circulation : "La recherche, sans exposition à l’examen critique des pairs et même du public, ne veut rien dire" (Guédon)
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Guédon se place dans une tradition historique qui a vu les chercheurs communiquer entre eux, le plus souvent par courrier, jusqu'à ce que l'imprimerie multiplie les capacités de diffuser les résultats de la recherche savante. Le processus de mécanisation, voire d'industrialisation, a permis le développement de livres, puis de revues savantes, augmentant le nombre de lecteurs
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Les revues savantes sont devenues la plateforme par excellence de la communication scientifique, tandis que les sociétés savantes offraient des lieux pour alimenter la conversation, les rencontres entre scientifiques d'un même domaine (en mathématique autant qu'en sciences humaines), voire de domaines différents.
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Intérêt à créer une circulation vertueuse, la plus libre possible des informations, des recherches...
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Selon Guédon, la valeur est dans la circulation : "La recherche, sans exposition à l’examen critique des pairs et même du public, ne veut rien dire"
  
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Guédon se place dans une tradition historique qui a vu les chercheurs communiquer entre eux, et des institutions organiser les débats et échanges (les [https://fr.wikipedia.org/wiki/Disputatio ''disputatio''] médiévales), jusqu'à ce que l'imprimerie multiplie les capacités de diffuser les résultats de la recherche savante. Le processus de mécanisation puis d'industrialisation, a permis le développement de livres et de revues savantes, augmentant le nombre de lecteurs. Les revues savantes sont devenues la plateforme par excellence de la communication scientifique, tandis que [https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_savante les sociétés savantes] offraient des lieux pour organiser et stimuler conversations,  expérimentations, rencontres entre scientifiques.
  
 
==La grande conversation et l'édition==
 
==La grande conversation et l'édition==
  
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, cette conversation a été peu à peu prise en main par des maisons d'édition qui ont soutenu le développement de la communication scientifique, mais en la subordonnant à une recherche de profits. Selon Guédon, la récupération de revues savantes par le secteur mercantile est un dévoiement de.
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Au lendemain de la seconde guerre mondiale, cette conversation a été peu à peu prise en main par des maisons d'édition qui ont soutenu le développement de la communication scientifique, mais en la subordonnant à une recherche de profits et au primat du [[droit d'auteur]]. Selon Guédon, la récupération de revues savantes par le secteur mercantile est un dévoiement de l'idéal scientifique. La question de la prise en charge du coût de la recherche scientifique, et du coût de sa dissémination, est une problématique complexemais selon Guédon, la circulation la plus libre possible doit prévaloir. Des batailles juridiques, par exemple, autour des limites de l'exception pédagogique, montrent les conflits en cours entre logiques économiques et cet idéal de grand conversation. Des modèles émergent (voie verte, voie dorée - voir [[Libre accès]]) mais la bataille est vive entre chercheurs, institutions, éditeurs, militants du libre accès, tant les intérêts sont divergents.
 
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La question de la prise en charge du coût de la recherche scientifique, et du coût de sa dissémination, est une problématique complexe, mais selon Guédon, la circulation la plus libre possible doit prévaloir :
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"Cette mise à disposition (du savoir) comporte évidemment un coût qui doit être pris en charge d’une manière ou d’une autre, mais cette prise en charge financière n’est nullement synonyme de commerce. Que le commerce se soit immiscé dans la communication scientifique et/ou savante ne peut être nié, mais partir de cette constatation pour en déduire que le format « marchandise » est nécessaire aux publications savantes constitue un saut dont l’illogisme est évident."
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Les tenants du libre accès livrent bataille pour le retour à une circulation optimale des revues savantes.
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Le fair use - L'exception pédagogique
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==Les enjeux du numérique==
 
==Les enjeux du numérique==
  
Internet et le web ont été fondés par des chercheurs sur la simple idée de rendre accessible des documents scientifiques et des protocoles d'un ordinateur à un autre. Leur développement, selon une éthique scientifique de partage ouvre la possibilité de restaurer les conditions optimales de cette Grande Conversation, mais la bataille est vive entre chercheurs, institutions, éditeurs, militants du libre accès, tant les intérêts sont divergents.
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[[Internet]] et le [[web]] ont été fondés par des chercheurs sur la simple idée de rendre accessible des documents scientifiques et des protocoles d'un ordinateur à un autre. Leur développement, selon une éthique scientifique de partage et de [[Libre accès]], ouvre la possibilité de conditions optimales pour l'émulation scientifique et la diffusion des travaux, reposant sur la [[numérisation]] et la réticulation.
 
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Le libre accès vs l'institution
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Le libre accès vs la marchandise
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Voie verte - les frais de publication sont reportés en amont, payés par l’auteur ou une institution
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Les initiatives sont nombreuses pour trouver et pérenniser de nouvelles formes de ''disputatio'' numériques, pour permettre aux chercheurs le libre accès aux archives et documents de recherche, pour développer des modes alternatifs de peer-review (donc de [[légitimation]], des outils d'appropriation, de médiation et de vulgarisation. Wikipedia peut être cité en exemple comme plateforme de diffusion de savoir, souvenant la Grande conversation scientifique par son mode contributif.
Voie dorée - sans barrières financières, légales ou techniques pour le lecteur
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= Notes et références =
  
==Biographie | Webographie ==
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Guédon, Jean-Claude. « Le Libre Accès et la «Grande Conversation» scientifique ». Dans Pratiques de l’édition numérique. Sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, 111–126. Parcours Numériques. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014. 
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Vitali Rosati, Marcello et Benoît Epron. «Édition et droits d'auteur». Dans L’édition à l’époque du numérique. Éditions La découverte. Repères, 2017
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Dacos, Marin. «Le droit d'auteur à l'épreuve du numérique». Dans L’édition électronique. Paris: Paris : Découverte, 2010.
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Dacos, Marin. Les carnets de recherche en ligne, espace d’une conversation scientifique décentrée. Lieux de savoir, T.2, Gestes et supports du travail savant, Albin Michel, pp.N/A, 2010.
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Dacos, Marin. « Sciences et société en interaction sur Internet », Communication & langages, volume 2009, numéro 159, pp. 123- 135
  
Jean-Claude Guédon,
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= Lectures complémentaires =
  
https://vimeo.com/153781162
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Dacos, Marin. « Vers des médias numériques en sciences humaines et sociales : une contribution à l’épanouissement de la place des sciences humaines et sociales dans les sociétés contemporaines », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], #12 | 2012, mis en ligne le 29 octobre 2014, consulté le 12 novembre 2017. URL : http://traces.revues.org/5534 ; DOI : 10.4000/traces.5534
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Mayeur, Ingrid. « La communication scientifique directe vers un public élargi », Revue française des sciences de l’information et de la communication [Online], 11 | 2017, Online since 01 July 2017, connection on 12 November 2017. URL : http://rfsic.revues.org/3224 ; DOI : 10.4000/rfsic.3224

Version du 12 novembre 2017 à 16:43


Définition

La grande conversation scientifique est un idéal de la communication scientifique optimale, conceptualisé notamment par Jean-Claude Guédon, enseignant et chercheur à l'Université de Montréal, et militant du libre accès. La capacité d'échanger, de communiquer entre savants, le fait de partager découvertes, études, résultats est crucial au développement de la science et de la technologie. Un travail scientifique ne vaut que s'il est confronté aux critiques des pairs, aux évaluations qui permettent de confirmer, de relativiser, d'enrichir ou de démentir les résultats. C'est ainsi que la science progresse, construite sur la base de travaux antérieurs.

Selon Guédon, la valeur est dans la circulation : "La recherche, sans exposition à l’examen critique des pairs et même du public, ne veut rien dire"

Guédon se place dans une tradition historique qui a vu les chercheurs communiquer entre eux, et des institutions organiser les débats et échanges (les disputatio médiévales), jusqu'à ce que l'imprimerie multiplie les capacités de diffuser les résultats de la recherche savante. Le processus de mécanisation puis d'industrialisation, a permis le développement de livres et de revues savantes, augmentant le nombre de lecteurs. Les revues savantes sont devenues la plateforme par excellence de la communication scientifique, tandis que les sociétés savantes offraient des lieux pour organiser et stimuler conversations, expérimentations, rencontres entre scientifiques.

La grande conversation et l'édition

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, cette conversation a été peu à peu prise en main par des maisons d'édition qui ont soutenu le développement de la communication scientifique, mais en la subordonnant à une recherche de profits et au primat du droit d'auteur. Selon Guédon, la récupération de revues savantes par le secteur mercantile est un dévoiement de l'idéal scientifique. La question de la prise en charge du coût de la recherche scientifique, et du coût de sa dissémination, est une problématique complexe. mais selon Guédon, la circulation la plus libre possible doit prévaloir. Des batailles juridiques, par exemple, autour des limites de l'exception pédagogique, montrent les conflits en cours entre logiques économiques et cet idéal de grand conversation. Des modèles émergent (voie verte, voie dorée - voir Libre accès) mais la bataille est vive entre chercheurs, institutions, éditeurs, militants du libre accès, tant les intérêts sont divergents.

Les enjeux du numérique

Internet et le web ont été fondés par des chercheurs sur la simple idée de rendre accessible des documents scientifiques et des protocoles d'un ordinateur à un autre. Leur développement, selon une éthique scientifique de partage et de Libre accès, ouvre la possibilité de conditions optimales pour l'émulation scientifique et la diffusion des travaux, reposant sur la numérisation et la réticulation.

Les initiatives sont nombreuses pour trouver et pérenniser de nouvelles formes de disputatio numériques, pour permettre aux chercheurs le libre accès aux archives et documents de recherche, pour développer des modes alternatifs de peer-review (donc de légitimation, des outils d'appropriation, de médiation et de vulgarisation. Wikipedia peut être cité en exemple comme plateforme de diffusion de savoir, souvenant la Grande conversation scientifique par son mode contributif.

Notes et références

Guédon, Jean-Claude. « Le Libre Accès et la «Grande Conversation» scientifique ». Dans Pratiques de l’édition numérique. Sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, 111–126. Parcours Numériques. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014.  Vitali Rosati, Marcello et Benoît Epron. «Édition et droits d'auteur». Dans L’édition à l’époque du numérique. Éditions La découverte. Repères, 2017 Dacos, Marin. «Le droit d'auteur à l'épreuve du numérique». Dans L’édition électronique. Paris: Paris : Découverte, 2010. Dacos, Marin. Les carnets de recherche en ligne, espace d’une conversation scientifique décentrée. Lieux de savoir, T.2, Gestes et supports du travail savant, Albin Michel, pp.N/A, 2010. Dacos, Marin. « Sciences et société en interaction sur Internet », Communication & langages, volume 2009, numéro 159, pp. 123- 135

Lectures complémentaires

Dacos, Marin. « Vers des médias numériques en sciences humaines et sociales : une contribution à l’épanouissement de la place des sciences humaines et sociales dans les sociétés contemporaines », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], #12 | 2012, mis en ligne le 29 octobre 2014, consulté le 12 novembre 2017. URL : http://traces.revues.org/5534 ; DOI : 10.4000/traces.5534 Mayeur, Ingrid. « La communication scientifique directe vers un public élargi », Revue française des sciences de l’information et de la communication [Online], 11 | 2017, Online since 01 July 2017, connection on 12 November 2017. URL : http://rfsic.revues.org/3224 ; DOI : 10.4000/rfsic.3224