Désintermédiation : Différence entre versions

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[http://www.smithsonianmag.com/arts-culture/one-writer-used-statistics-reveal-secrets-what-makes-great-writing-180962515]
 
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Version du 25 septembre 2017 à 21:36

Définition

Le terme, désintermédiation, est issu du vocabulaire économique. Il qualifie la rupture des modes traditionnels de conception, de production et de commercialisation. C'est le passage d'une économique linéaire, où le bien passe de son possesseur d'origine à un vendeur puis à l'acheteur, à une économie en réseau, provoquée par la popularité d'Internet. Avec le Web, des intermédiaires qui étaient jusqu'à récemment institutionnalisés, paraissent maintenant superflus et ne sont plus respectés.

Si un agent médiateur existe, il devient possible de le supprimer de la chaîne économique, puisque l'économie en réseau permet de se dispenser des agents qui complexifient la transmission de l'information ou du produit. Cet éclatement, en plus de supprimer les intermédiaires, soumet ces derniers à une concurrence toujours renouvelée : "Tout acteur, en définitive, peut à tout moment être concurrencé par un autre acteur dans une économie en réseau" [1]

Enjeux dans le cadre de l'édition numérique

Dans le secteur de l'édition électronique, voire numérique, la désintermédiation fait référence à "la pure et simple disparition de l'intermédiaire éditorial dans le circuit de diffusion de l'information" expliquent Pierre Mounier et Marin Dacos.[2] Ils rapportent que toute position intermédiaire entre le producteur (auteur) et le consommateur (lecteur) serait obsolète en raison de phénomènes tels que:

  • l'ouverture d'archives dans le domaine scientifique
  • les plates-formes du Web 2.0 pour la production culturelle grand public
  • l'émergence des pro-am (c'est-à-dire les professionnels amateurs)[3]

La désintermédiation perturbe le monde de l'édition depuis la transformation numérique. Depuis le début des années 90, au moins, le secteur de l’édition subit une série de changements qui troublent le statut et le fonctionnement des intervenants du secteur. Qu’ils soient éditeurs, concepteurs, imprimeurs, diffuseurs, distributeurs, etc., ils se questionnent sur leur rôle. Ces changements remodèlent le secteur, modifient l'édition traditionnelle, amènent de nouveaux intervenants et induisent de nouvelles manières de faire. La désintermédiation du microcosme de l’édition est un processus qui pour l’instant, tend à s’accélérer et où de nombreux facteurs interviennent de manière différente.

En témoigne la popularité des fameux blogs, ces espaces hautement représentatifs de la désintermédiation qui sont à la fois critiqués et convoités par les grandes entreprises de presse en raison, entre autres, du phénomène d'économie de l'attention qui incitent la presse à améliorer le lien entre les journalistes et le lectorat.[4]

Éléments de désintermédiation en édition numérique

Les pirates

L’idée du pirate comme facteur de nuisance et/ou de perturbation dans l’univers du livre est éventuellement à repenser dans la mesure où les DRM [5](GND en français) semblent jouer un grand rôle dans la piraterie, notamment en limitant sévèrement les droits des lecteurs. Légalement, ces derniers ne sont que «locataires» de leur exemplaire numérique; ils ne détiennent qu’une licence qui leur donne le droit de lire, sans plus.

Les études et les expériences réalisées tant par des universités que de grands ensembles de publication démontrent que l'absence de DRM tend à limiter fortement sinon à faire quasiment disparaitre la piraterie. De sorte que l’on peut légitimement se demander si le phénomène de piratage s'est auto-infligé.

Les ténors technologiques

Amazon, Apple et Google semblaient loin des champs d’action de l’édition. Mais en centralisant et en contrôlant l'accès des usagers à leurs plateformes technologiques, ils sont devenus des acteurs incontournables de la diffusion et même de la création. Amazon, par exemple, a maintenant ses propres auteurs.

L'autopublication

L’autopublication, souvent passée sous le radar comme un phénomène marginal, s’est révélée au fil des analyses statistiques comme un vecteur de perturbation majeur du milieu de l‘édition [6]. Les ventes de livres d’auteurs autopubliés sur Amazon dépassent maintenant celles des éditeurs traditionnels. Les ventes des Big Five Trade Book Publishers, composés de: Hachette Book Group, HarperCollins, Macmillan Publishers, Penguin Random House et Simon and Schuster[7], sont maintenent dépassés par l'autopublication.

L’absence d’intérêt et d’instruments de mesure de l’autopublication chez les intervenants traditionnels de l’édition font en sorte que d’importants phénomènes d’édition passent sous le radar [8].

Analyse du phénomène à consulter : [1]

Le socio-financement

Autant vecteur que symptôme des perturbations, les nouvelles sources de financement qui remplacent l’éditeur et qui deviennent également une plateforme de lancement/diffusion élargissent leur influence : par exemple Kickstarter est devenue la 4ème plateforme d’édition en importance au monde [9].

Les autres plateformes de socio-financement : IndieGogo, KissKissBankBank, etc., produisent également des livres. Le verbe publier est difficile à utiliser dans de tels cas car il véhicule toute une dimension figée du monde de l'édition qui n'est pas celui des plateformes de socio-financement.

Il existe maintenant des plateformes de socio-financement où les auteurs peuvent faire financer non plus leur livre mais leur activité d’écriture au mois [2].

Nouvelles formes de création

Elles deviennent en même temps de nouvelles formes d’édition et de diffusion :

Le twaiku : Twitter comme véhicule : éditeur / diffuseur du micro-poème : [3]

Fan Fiction : La Fan Fiction est une nouvelle forme de création-diffusion (ex : 50 Shades of Grey) avec un très large impact [10].

Plateformes gratuites d’édition et de lecture

Malgré leurs limites à la lecture elles sont également un facteur de changement :

  • Le modèle Calaméo [www.calameo.com] fait la création du format numérique, le rend disponible sur le site et en permet aussi la vente à partir du site. Il offre à l'éditeur tous les outils en mode gratuit. Cette plateforme convient à presque tous les types de publication: livre, journal, magazine, brochure, etc. Cependant, elle demeure limitée par au PDF, et le livre créé ne peut être exporté vers d’autres plateformes.
    • D’autres exemples de la même approche:
      • Issuu [4] consacre plus d'importance au livre.
      • Blurb [5]
      • Lulu [6]
      • Smashwords [7] cultive les auteurs et les éditeurs indépendants. La proposition comprend aussi la diffusion sur des plateformes comme le iBookstore, Barnes & Noble, Sony, Kobo, etc.


  • Les communautés de partage littéraire:
    • BookGlutton [8]
    • Goodreads [9], acquis récemment par Amazon, prétend s'appuyer sur une communauté de 14 millions d’utilisateurs et se destine surtout au partage de références et de recommandations sur les lectures.
    • Babelio [10] est une plateforme française qui propose une large gamme d’outils : découvrir des livres, des lecteurs, regarder des vidéos ou publier une critique de livre.

Webmags et nouvelles plateformes numériques d’informations

Les webmags d’art et de nouvelles plateformes d’informations s’insèrent depuis plusieurs années dans le marché de l’édition numérique et ce, de diverses manières. C’est également le cas d'Apple et, de manière différente, Facebook, qui offre maintenant un service de nouvelles[11].

Sources de références uniques: les musées et les librairies

Les musées et leurs collections d’œuvres et d’images, une fois en ligne, transforment radicalement l’accès à l’iconographie. Les plateformes d’images gratuites deviennent d’immenses voûtes virtuelles qui rendent presque caduque le livre d’art papier [12]

[11]

En même temps ces institutions incitent l’utilisateur numérique à lui-même interréagir et créer avec ces collections [13].

[12]

Enfin, le pendant iconographique de Wikipedia : wikimediacommons, doit être inclus ici avec ses vastes collections iconographiques offertes gratuitement : [13]

Le logiciel comme auteur

Il n’est pas une fiction dans la mesure où des éditeurs utilisent non seulement des algorithmes pour écrire de courts bulletins d’informations mais amassent également les données numériques du comportement des lecteurs à travers les livres pour téléguider la rédaction de livres pouvant occasionner un maximum de ventes [14]

[14]

Sources

HOFFELDER, Nate. "You don't own DRMed eBooks". Mars 2016 [15]

MEADOWS, Chris. "Consumers believe they have more rights than they really do in digital media". Mars 2016.[16]

Inside the ‘Walled Gardens’ of Electronic Reading [17]

Cette étude des universités Duke et Rice parue en 2011 démontre que l’utilisation des DRM réduit les ventes et que la suppression de ces verrous numériques diminue la piraterie

Une analyse sur le blogue Futurebook va dans le même sens : les verrous numériques nuisent d’abord aux utilisateurs honnêtes.

Les ventes de l’éditeur techno O’Reilly ont augmenté de 104% dans les 18 mois suivant son abandon des DRM.

SOLYM, Clément. "Supprimer un DRM pour sauvegarder un livre n'est pas de la contrefaçon". Décembre 2014. [18]

SOLYM, Clément. Les méfaits des DRM, il faudra que le gouvernement américain les comprenne

[19]

SOLYM, Clément. "Le DRM favorise le monopole des GAFA que l'édition "se targue de combattre". Septembre 2016 [20]

HAZARD OWEN, Laura. "Apple news opens up to everyone", Mars 2016 [21]

Cette analyse du New-York Times met en lumière certaines tendances et approches pour ce qui pourrait être appelé « informations de la nouvelle ère » [22].

Quelques exemples d’un nouveau type de journalisme d’information qui se pratique uniquement en ligne et qui va de l’international à l’hyperlocal : [23] [24] [25]

Quelques exemples de web mags d’art numériques qui comptent chacun plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs et tirent (pour l'instant) leur épingle du jeu: [26] [27] [28]

Voici une analyse sur les principaux nouveaux intervenants dans la distribution et la vente du ebook : (Amazon, Apple, Kobo, etc.) : [29]

Une démonstration chiffrée de la place prise par les intervenants non-traditionnels dans la chaine du livre : [30]

Un guide sur le phénomène sur le phénomène de la fan fiction [31] ainsi qu'une analyse de ce dernier Fan Fiction and Fan Communities in the Age of the Internet: New Essays [32].

Ce musée numérique dédié au comic book propose gratuitement ses collections : [33].

Voici également deux reportages sur l’analyse statistique du contenu des oeuvres : [34]

[35]

Notes et références

  1. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000381.pdf
  2. Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, pp. 47-55.
  3. Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, p. 47.
  4. Mounier, Pierre, et Marin Dacos. « Édition électronique », Communications, vol. 88, no. 1, 2011, pp. 47-55.
  5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_droits_num%C3%A9riques
  6. http://authorearnings.com/report/print-vs-digital-report
  7. http://authorearnings.com/2016-digital-book-world-presentation
  8. https://the-digital-reader.com/2016/07/16/romance-makes-up-4-of-print-but-45-of-ebook-sales
  9. http://bit.ly/2c8tyWn
  10. https://en.wikipedia.org/wiki/Fan_fiction
  11. http://www.idboox.com/presse-numerique/la-presse-numerique-explose-en-france
  12. http://www.lexpress.fr/culture/art/le-met-propose-400-000-images-d-oeuvres-d-art-en-libre-acces_1544863.html
  13. https://www.nypl.org/blog/2015/01/06/creativity-public-domain
  14. http://www.huffingtonpost.com/gini-graham-scott/automated-writing-technology_b_2974756.html