Synthèse séance 2 : Différence entre versions
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Version du 25 septembre 2017 à 13:16
Sommaire
Écosystème numérique
Si nous parlons ici d'écosystème numérique, c'est avant tout pour appuyer l'importance du réseau physique qui permet son fonctionnement. Internet désigne avant tout un réseau câblé, qui comprend des entrepôts de stockage de données, des câbles sous-marins, des systèmes de refroidissement, en résumé, quelque chose de très concret, très éloigné du concept du Cloud.
Ce réseau physique est investi par de nombreux scientifiques (à des fins militaires ou non) afin de décentraliser le réseau d'information (le rendant moins vulnérable aux attaques) et permettant une circulation des informations plus efficace. Cette idée de circulation des idées sera développée et enrichie par de nombreux innovateurs comme Tim Berners-Lee. Cet acteur décisif de la naissance du web développera le World Wide Web sur la base de URI et, avec ses collèges, débutera une progression technologique qui aboutira au web tel que nous le connaissons aujourd'hui. Alors qu'Internet et le web naissent initialement de besoins très simples (sécuriser un réseau de communication - protection, défense nationale; partager de l'information; préserver et protéger de l'information), cette innovation technologique majeure est investie par une communauté d'internautes amateurs, qui progresseront dans l'expertise de l'utilisation du web. D'un point de vue technologique, Internet et le web se complexifient: algorithmes, hypertexte, protocole, indexation et métadonnées. Mais les experts et les internautes chargent aussi cet espace d'un aspect hautement idéologique. Alternative aux sociétés et aux institutions déjà existantes, le web est encadré à sa naissance par plusieurs valeurs fondamentales: confidentialité, neutralité, décentralisation de l'information (d'un point de vue idéologique et non militaire), ouverture et liberté, partage de connaissances, indépendance, universalité. Naissent alors des initiatives en accord avec ces valeurs, comme l'Open Source, et des questionnements sur la place de l'internaute, l'opposition public/privé, l'importance de la lecture et de l'écriture, la redéfinition de la publication ou encore comment la censure est-elle mise en place sur Internet.
Développement d'Internet et du web
- Histoire
- Protocoles
- Web 1.0 (web des documents)
- Web 2.0
- Bulle Internet
Fonctionnement
- Valeurs
- Gouvernance et institutions
Changements et perturbations de l'écosystème de l'édition
Positif?
- Autopublication
- Logiciels "écrivains"
- Plateformes d'infos 100% numériques, nouveaux types de contenus 100% numériques: Twaiku, fan fiction, etc.
Négatif?
- Piraterie
- Surabondance de données et manque d'outils de filtres efficaces.
- Les géants / GAFA (boîtes technos qui deviennent "diffuseurs/éditeurs": Amazon, Apple, Google, etc)
Problématiques
- Public privé
- Questions de censure et sélection
- Théorie de la longue traîne (séance 1)
- Désintermédiation (lien vers notion séance 1)
- Écriture collaborative et importance du collectif
- Des valeurs en péril : Ouverture et liberté, partage de connaissances, indépendance, universalité
Du web ouvert à la concentration dystopique des GAFAM
Une part majeure de l’activité sur le web est sous le contrôle de quelques multinationales (Apple, Amazon, Google, Facebook), sans oublier les multinationales non-occidentales (WeChat, Sina Weibo, Didi Kuaidi, Youku Tudou, en Chine par exemple). Les usagers des GAFAM dépassent les 2 milliards d’individus. Tout le web ne se résume pas à eux, mais leur poids et leur puissance rendent certaines problématiques particulièrement sensibles et inquiétantes, remettant en cause l’héritage libertaire d’Internet.
Le problème avec les oligopoles
Google fournit autant les contenus (Youtube), les réponses (moteur de recherche), la publicité (régie publicitaire) et les ‘tuyaux’. Cette situation hégémonique contribue à menacer le principe fondateur de la neutralité du Net, avec une pression pour que l’accès et la vitesse de circulation des contenus Google soient privilégiés au détriment des autres contenus. La nature transnationale des activités des GAFAM rend difficile, voire impossible, leur contrôle efficient, l’avancée de débats juridiques et culturelles sur l’encadrement de leurs activités. Avec leurs revenus pharamineux, ils possèdent une puissance de lobbying immense sur le politique. Un ensemble de droits et de normes sociales, morales et artistiques se trouvent redéfinies et redessinées.
La captation des métadonnées
“La planète internet ne tourne plus autour de documents mais de nos profils. L’homme devient un document comme les autres.” Ertzscheid
La capacité d’éditer gratuitement des informations, de les partager via les réseaux sociaux est détournée par ces GAFAM en immense collecte de métadonnées, recueillies par des algorithmes de plus en plus sophistiqués et invasifs, capable de retracer des profils et comportements, individuels et collectifs, qui servent à un ciblage publicitaire massif. Cette masse d’informations sur les usagers soutient une économie basée sur nos comportements, capable d’influer en retour sur nos habitudes, nos goûts, nos achats, nos inclinations politiques.
“Google accumule et exploite du capital linguistique, puis confie à un algorithme le soin d’organiser la spéculation et contrôle et profite ainsi du premier marché linguistique mondial.” Ertzscheid
Le problème de propriété
“Les ensembles jadis distincts du web public, du web « privé », de nos documents ou courriels personnels et de nos informations plus « intimes » sont désormais réunis dans le nuage du « cloud computing », directement et instantanément lisibles et indexables par les hôtes à qui nous n’avons plus d’autre choix que de les confier.” Ertzscheid
D’autre part, gratuité ne veut pas dire propriété. Les usages de publication en ligne se font dans une large ignorance juridique sur la propriété intellectuelle et d’exploitation des informations ainsi livrées. Ce sont Facebook ou Youtube qui sont propriétaire des publications qui y sont faites. Sous couvert de gratuité, d’accès libre, de marketing affectif mondial, il s’agit d’une vaste captation et privatisation des contenus.
Le public et le privé
Le web 2.0, accaparé par les GAFAM, en particulier par Facebook, opère un floutage graduel de la distinction entre le domaine public et le domaine privé. Est-ce que la publication d’un statut Facebook est un événement privé, ou une prise de parole publique? Les implications juridiques sont nombreuses. À qui s’adresse-t-on? Dans quelle mesure doit-on protéger l’anonymat, la confidentialité? ou responsabiliser?
Les ‘bulles’ existentielles du numérique
Le milliard d’individus sur Facebook est d’abord régi par des logiques d’entre-soi, s’enfermant dans des bulles attentionnelles étanches, privilégiant les interactions fréquentes mais de bas niveau. Ce constat est à relativiser, mais il est vrai qu’il est dans l’intérêt de Facebook de donner aux usagers le contenu qu’ils voudront consommer, les opinions politiques qui les conforteront. Cette ‘éditorialisation affinitaire’ opérée par les algorithmes de Facebook pose de graves problèmes politiques et sociaux.
Le problème de la censure, le problème de la morale
Facebook, Youtube, Google décident de ce qui est publiable, déterminent des critères et des procédures pour censurer au besoin ce qui leur semble insultant, pornographique, abusif. Mais les problématiques sont multiples et les protocoles sont largement faillibles, soit dans la censure maladroite (censure de campagnes publicitaires pour la prévention du cancer du sein, ou pour la promotion de l’allaitement maternel, sexisme latent, censure de L’origine du monde, de Courbet), soit dans l’abus de laisser-faire (publications racistes, sexistes...).Les questions de liberté d’expression sont évidemment sensibles, surtout compte tenu de l’influence et de l’impact que peuvent avoir les réseaux sociaux.
Ressources annexes
1) Le pad
2) La carte de connaissances
Notices
- Désintermédiation
- Hypertexte
- Indexation et métadonnées
- Internet
- Lecture/écriture
- Le lecteur numérique
- Neutralité
- Open Source
- Protocole
- Web
Bibliographie - webographie
- Mille, Alain. « D’Internet au web ». Dans Pratiques de l’édition numérique. Sous la direction de Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, 7–11. Parcours Numériques. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 2014. http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/d-internet-au-web.
- Ertzscheid, Olivier. «Entre utopie et dystopie : une histoire du web». Dans Lire+Écrire. Publie.net., 2014. https://www.publie.net/livre/lireecrire/.
Liens utiles
- Critical Atlas of Internet Un point de vue critique/artistique sur l'écosystème numérique